Solidarité internationale et luttes sociales en Afrique subsaharienne |
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Wal-Mart doit négocier avril 2003 - http://www.globenet.org/reseau-solidarite/ Leader mondial de la distribution, la société états-unienne Wal-Mart compte 4300 magasins dans neuf pays et ne cesse de croître. Elle a réalisé un bénéfice net de 6,67 milliards de dollars en 2001 et son chiffre d’affaires pour l’année 2002 avoisine les 250 milliards de dollars. Mais l’entreprise est loin d’être à la pointe en matière de droits économiques et sociaux. Au Lesotho, les droits des employés sont régulièrement bafoués dans plusieurs unités de production du secteur textile qui travaillent pour son compte. Aussi, le syndicat Lesotho Clothing and Allied Workers (LEKAWU) [1] sollicite le soutien de ses partenaires internationaux pour exiger que les fournisseurs de Wal-Mart respectent le code du travail et les normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Le Lesotho, petit pays enclavé au sein de l’Afrique du sud, compte environ deux millions d’habitants. Le secteur du textile s’est beaucoup développé ces dernières années et emploie aujourd’hui plus de 40000 personnes. Les exportations ont connu une croissance rapide, en particulier celles destinées aux Etats-Unis à la faveur de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) [2], accord prévoyant des facilités douanières pour les Etats d’Afrique subsaharienne. Mais le respect des carnets de commande se fait bien souvent aux dépens des conditions de travail, y compris en violation des lois en vigueur au Lesotho et des conventions internationales que le pays a ratifiées. Les autorités, satisfaites de l’afflux des investisseurs étrangers, se désintéressent de la question, ce qui contribue à aggraver la situation. Des conditions de travail dégradantes Les salariés du secteur textile se mobilisent sur les sites de production mais il leur est indispensable de faire aussi pression sur les importateurs occidentaux pour obtenir des résultats. Vingt et une usines produisant des vêtements pour le compte de Wal-Mart au Lesotho ont ainsi fait l’objet d’une enquête conduite par le LEKAWU et le bureau africain de la Fédération Internationale des Travailleurs du Textile, de l’Habillement et du Cuir (FITTHC) [3]. Les résultats de cette investigation, menée sur la base d’entretiens avec les ouvriers, sont accablants pour les fournisseurs de la multinationale : durée du temps de travail et rémunération : alors qu’une journée dure théoriquement dix heures, les employés sont forcés (souvent sans en être prévenus à l’avance) de rester jusqu’à quatorze heures consécutives voire plus dans les cas extrêmes. Des heures supplémentaires leur sont également imposées la nuit ou le dimanche, et cet effort additionnel n’est pas toujours pris en compte au moment de la rémunération. La plupart des salariés reçoivent enfin un salaire de 54 euros par mois, insuffisant pour faire face aux besoins élémentaires des familles ; insultes, agressions physiques et harcèlement sexuel : de nombreux employés, en majorité des femmes, sont victimes de telles violations. La fouille au corps est par ailleurs courante pour « attraper les voleurs », une pratique dénoncée comme humiliante par les ouvrières parfois forcées de se déshabiller devant leurs supérieurs ; insuffisances en termes d’hygiène et de sécurité : sur plusieurs sites de production, les employés travaillent dans le froid en hiver et dans une chaleur étouffante en été. En effet, les bâtiments ne disposent pas des installations de chauffage et de climatisation adéquates ou la direction refuse de les faire fonctionner. Dans le même sens, les toilettes sont insalubres et leur usage est parfois restreint à certains horaires. Les équipements de protection, notamment les masques, font généralement défaut ; liberté syndicale bafouée : les employeurs refusent de négocier avec le LECAWU bien que celui-ci représente jusqu’à 50% des salariés dans certaines fabriques. De plus, l’encadrement se montre ouvertement hostile aux membres des syndicats. Officiellement, Wal-Mart ne se désintéresse pas de la situation, mais les contrôles qu’elle réalise auprès de ses fournisseurs manquent manifestement de sérieux. Ainsi, lors d’un récent audit social chez l’un d’entre eux, c’est un membre de la direction de l’usine qui a servi de traducteur pour les entretiens avec les ouvriers ! Responsabiliser les importateurs Une campagne internationale d’interpellation de Wal-Mart a commencé en janvier 2003. L’entreprise n’y a pas encore répondu. Il s’agit donc de continuer à faire pression sur Wal-Mart pour que la firme se préoccupe réellement des conditions dans lesquelles sont produits les vêtements qu’elle commande. En mars 2002, le LECAWU exprimait le souhait que les commanditaires nord-américains viennent constater la situation sur place et s’investissent dans la mise en place de solutions. L’un des enjeux de ce type d’action est d’éviter que les firmes transnationales, dès lors qu’elles font face à une mobilisation syndicale, ne « règlent le problème » en quittant tout simplement le pays pour aller s’implanter dans des lieux plus propices. C’est pourquoi Wal-Mart est invitée à ne pas rompre les contrats avec ses sous-traitants mais à exiger d’eux le respect des droits économiques et sociaux en négociant avec les représentants syndicaux. En s’adressant au leader mondial de la distribution, qui s’intéresse de plus en plus au marché européen (il dispose déjà d’implantations au Royaume-Uni et en Allemagne), c’est tout ce secteur que l’on vise. Les dispositions que prendrait Wal-Mart ne manqueraient pas, en effet, d’influencer ses concurrents. Appel réalisé en lien avec :Clean Clothes Campaign (CCC) et Maquila Solidarity Network Par lettre : vous pouvez recopier le modèle joint. Ce texte vous est proposé à titre indicatif, vous pouvez l’adapter à votre propre style. Dans tous les cas, n’oubliez pas d’inscrire vos coordonnées et de signer. Affranchissement : 0,67 € H. Lee Scott, CEO Wal-Mart 702 SW Eighth St. Bentonville, AR, 72716 USA Dear Mr Scott, I have been informed, through Réseau Solidarité (10, Quai de Richemont - 35000 Rennes France) of serious worker rights violations at over 20 factories producing for your company in Lesotho. I urge you to take immediate steps to ensure that all of your supply factories in Lesotho are in compliance with the Lesotho labour code and accepted minimum labour standards of the International Labour Organization (ILO) of the United Nations. I also support the freedom of association, the right to organize and collective bargaining and I urge your company to consult with the Lesotho Clothing and Allied Workers Union (LECAWU). I strongly urge your company to not cut and run from Lesotho, but to stay and be part of the solution by using your considerable influence to help clean up sweatshop abuses. Yours truly, Traduction : J’ai été informé(e) par Réseau Solidarité (10, Quai de Richemont - 35000 Rennes France) des sérieuses violations des droits des travailleurs dans plus de vingt entreprises produisant pour votre compagnie au Lesotho. Je vous demande de prendre des mesures immédiates pour vous assurer que tous vos fournisseurs au Lesotho respectent le code du travail de ce pays et les normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Je soutiens également la liberté syndicale et le droit d’organisation et de négociation collective et demande à votre compagnie de négocier avec le Syndicat des Travailleurs Unis du Textile au Lesotho (LECAWU). Je vous demande fermement de ne pas rompre vos contrats ni vous retirer du Lesotho mais de rester pour être partie prenante d’une solution en utilisant votre influence pour mettre fin aux abus chez vos fournisseurs. [1] Syndicat des Travailleurs Unis du Textile au Lesotho [2] Accords sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, signés en mai 2000 [3] En novembre 2001, la FITTHC a demandé au Premier Ministre du Lesotho d’entamer des négociations avec le LECAWU pour dégager des solutions aux problèmes des travailleurs du secteur |
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