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Aucun progrès notable dans l’organisation du procès de Hissène Habré 1er juillet 2007 - http://www.hrw.org/ Un an vient d’être gâché après que Dakar ait solennellement accepté de juger l’ancien dictateur du Tchad. Les victimes profondément déçues attendent toujours que justice leur soit rendue. Les Tchadiens manifestent leur mécontentement et amertume. Un an après l’engagement solennel du Sénégal de mettre en oeuvre la décision de l’Union africaine lui donnant mandat « de faire juger, au nom de l’Afrique Hissène Habré », aucun plan sérieux et crédible n’a encore été présenté pour instruire et juger l’affaire Habré, ont déclaré les ONG tchadiennes et sénégalaises de droits humains. Le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a pourtant déclaré en janvier que le procès Habré serait l’occasion de prouver « à la face du monde la force éclatante de la justice sénégalaise ». Cette déclaration n’a pratiquement pas été suivie d’effet dans la réalité et l’affaire Habré fait du surplace. Habré, qui vit dans l’opulence au Sénégal grâce au pillage du trésor tchadien, est accusé de milliers d’assassinats politiques, de torture systématique et d’épurations ethniques commis sous son régime de 1982 à 1990. L’ancien dictateur a d’abord été inculpé au Sénégal en février 2000 « de crimes contre l’humanité, d’actes de torture et de barbarie » mais les autorités ont finalement refusé de le juger puis de l’extrader suite à la demande de la justice belge en 2005. Rappelons que les autorités belges ont été saisies par les victimes sur la base d’une loi de compétence universelle et qu’une enquête approfondie a été menée pendant quatre ans. Il a fallut attendre jusqu’en juillet 2006 pour que le Sénégal accepte de juger Hissène Habré à la demande de l’Union africaine. « On se bat depuis dix-sept ans pour que Hissène Habré soit déféré devant la justice, le temps nous est compté. A moins que le Sénégal agisse vite, il risque de ne plus y avoir de victimes vivantes au jour où le procès s’ouvrira », regrette Souleymane Guengueng, vice-président de l’Association des Victimes des Crimes et Répressions Politiques au Tchad (AVCRP) qui a passé trois ans dans les geôles de Habré. « Le Sénégal nous a déjà trahit deux fois, d’abord en refusant de poursuivre Habré en 2000, puis en refusant de l’extrader. Nous craignons une nouvelle trahison ». « L’image du Sénégal de même que sa crédibilité ont été ternies auprès de la communauté internationale, » déclare Alioune Tine, de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO). « La volonté politique de s’attaquer au procès et à l’impunité de façon globale est faible. Comment s’affranchir de la tutelle internationale en matière de justice pénale si l’on continue à entretenir des caricatures de justice. Comment éviter l’extradition de Habré et d’autres si les africains ne s’attaquent pas résolument à l’impunité. A la Cour pénale internationale, il n’y a que des africains en accusation. Cela est une honte pour nos élites politiques. » Aujourd’hui à N’Djaména, capitale du Tchad, les victimes et l’ensemble de la société civile qui les soutient, manifestent pour demander au Sénégal de mettre enfin en œuvre ses engagements souscrits vis-à-vis l’Union Africaine. Les autorités sénégalaises se sont publiquement plaintes de ne pas avoir reçu d’aide internationale pour préparer le dossier, mais selon les organisations non gouvernementales, plusieurs pays sont prêts à soutenir le Sénégal mais aucune demande sérieuse de financement n’a été présentée. L’Union africaine, dont le Sommet se tiendra à Accra du 1 au 3 juillet, doit soutenir activement le Sénégal et veiller à ce que des progrès soient réalisés notamment en envoyant une représentation à Dakar pour assurer le suivi et la mise en œuvre des engagements du Sénégal. « L’Union africaine a demandé au Sénégal d’instruire le procès de Hissène Habré mais un an après, le Sénégal n’a pas fait grand-chose malheureusement », regrette Jacqueline Moudeina, présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH) et avocate des victimes. « Il est de la responsabilité de l’Union africaine de faire appliquer ses décisions. La crédibilité de l’UA et de l’Afrique dans son ensemble sont en jeu. » En mai 2006, le Comité des Nations unies contre la torture, suite à une plainte déposée par les victimes, a conclut que le Sénégal avait violé la Convention contre la torture en refusant de juger puis d’extrader Habré et a demandé au Sénégal de faire l’un ou l’autre. Un an plus tard, cette décision reste, elle aussi, inappliquée. |
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