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Voir également :


République démocratique du Congo : Priorité à la sécurité à l’est du Congo


Site(s) web :

Réseau européen pour l’Afrique centrale :
Journaliste En Danger - Afrique Centrale :
Forêts du Congo - Greenpeace :

Déclaration finale du Séminaire International sur l’audit de la dette et des ressources naturelles en Afrique centrale

24 novembre 2007


Venus des quatre coins de la RDC, du Congo Brazzaville, de Côte d’Ivoire, mais aussi de France et de Belgique, nous, mouvements sociaux, ONG, associations de défense des droits de l’homme, représentants de populations autochtones, syndicats, confessions religieuses, professionnels des médias, organisations de femmes, d’étudiants, de jeunes, de professeurs, d’agriculteurs, de paysans ou citoyens indépendants, avons participé au séminaire international sur l’audit de la dette et des ressources naturelles en Afrique centrale, qui s’est tenu à Kinshasa, le vendredi 23 et le samedi 24 novembre 2007.

Durant ces deux jours de formations, de rencontres et d’échanges, nous avons travaillé à mieux comprendre les réalités socio-économiques des pays d’Afrique centrale. Nous avons également débattu et réfléchi collectivement sur les stratégies et alternatives à proposer pour mettre fin à la situation inacceptable que connaît cette région, à savoir qu’elle dispose de richesses naturelles et humaines considérables et pourtant, reste fortement endettée, voit son environnement se dégrader, et sa population connaît la misère l’oppression et l’exploitation au quotidien. Il est urgent de mettre un terme à cette catastrophe écologique, sociale et humaine.

Au cours de ces deux jours de travaux, nous constatons avec amertume que les différentes solutions proposées par les bailleurs de fonds et les institutions internationales, telle que l’initiative PPTE ou autres allègements de dette, ne constituent en rien une solution juste et durable au problème de la dette. Au contraire, en persévérant aveuglément dans le cadre du néolibéralisme, les ressources naturelles et entreprises publiques sont confisquées et bradées, en échange de ces soi-disants allégements. Pire, alors que l’environnement se dégrade fortement et la situation sociale des populations, déjà dramatique, continue de se détériorer. Les enfants meurent quotidiennement de maladie facilement curable, souffrent de malnutrition, tandis que la déscolarisation et l’analphabétisme croissent sans cesse. Cela constitue tout simplement une violation des droits fondamentaux.

Afin de trouver une solution juste et durable au problème de la dette, étape nécessaire pour avancer vers une Afrique centrale plus juste et plus solidaire, et pour suivre les traces des initiatives encourageantes mise en place concrètement dans différents endroits du monde ( Résolution du Sénat belge sur l’annulation de la dette et pour son audit, audit intégral en Equateur, reprise de contrôle des ressources naturelles au Venezuela et en Bolivie, etc), nous décidons de nous mobiliser pour exiger de nos gouvernements :

- De réaliser un audit de la dette et d’arrêter immédiatement tous les remboursements des dettes qui seraient « entourées » d’irrégularités. Suspendre les remboursements d’une dette illégale alors que dans le même temps, les populations meurent, est un acte courageux, et légitime. Rappelons que c’est un droit et un devoir de tous les gouvernements du Nord et du Sud, de mettre en place des politiques de développement qui visent à améliorer les conditions de vie des populations.

- De répudier toutes les dettes qui seraient prouvées comme étant illégitimes à l’issue de cet audit. Les populations du Sud sont les véritables créanciers de la dette sociale, historique et écologique accumulée depuis des siècles.

- De collaborer avec l’ensemble des citoyens et mouvements sociaux, notamment en leur donnant toutes les informations utiles et nécessaires à la réalisation de cet audit. Plus précisément, nous réclamons à court terme de disposer de toutes les informations nécessaires liées au protocole de prêt conclu entre la Chine et la RDC. Rappelons ici que le droit à l’information est un droit reconnu par la déclaration universelle des droits humains de 1948.

- D’imposer aux Institutions financières internationales, et tout autre bailleur de fonds, de respecter les droits humains fondamentaux et les choix démocratiques de populations. Depuis plusieurs décennies, contrairement à leurs objectifs officiels, les IFIs, en particulier le FMI (Fond monétaire international) et la Banque mondiale, imposent aux pays du Sud des politiques qui sont dévastatrices économiquement, écologiquement, socialement et humainement. La Banque mondiale le FMI sont des instruments au service des puissances du Nord et ont causé déjà trop de tort aux populations d’Afrique. En tant que sujet de droit international, ces institutions ne sont pas au dessus des lois et devront répondre de leurs actes devant la justice.

- De lutter efficacement contre la corruption, obligation ratifiée par nos gouvernements dans le cadre des conventions contre la corruption de l’ONU et de l’Union Africaine. Rajoutons que le gouvernement de RDC a également promulgué une loi contre la corruption.

- De mettre en place toutes les initiatives visant à récupérer l’ensemble des biens mal acquis par nos gouvernants. L’utilisation de ces fonds devra être décidée démocratiquement par les populations concernées et devra impérativement servir les intérêts de celles-ci.

- D’appliquer sans conditions l’ITIE ( Initiative de Transparence dans les Industries extractives) dans nos différents pays avec une participation véritable des mouvements sociaux. L’ITIE doit également mettre en avant la protection de l’environnement.

- D’adopter des lois pour lutter efficacement contre les fonds vautours.

- De mettre au cœur de ses priorités et choix politiques et économiques, la satisfaction des besoins sociaux de ses populations et notamment en :

  • a) Reprenant le contrôle sur ses ressources naturelles et ses secteurs stratégiques et d’utiliser les ressources dégagées à des fins sociales ;
  • b) Revisitant les contrats miniers et renégociant tous ceux qui seraient entachés d’irrégularités, voire léonins ;
  • c) Assurant un enseignement gratuit et de qualité pour tous et toutes ;
  • d) Assurant un accès aux soins de santé de qualité également pour tous et toutes, sans discrimination ;
  • e) Imposant aux multinationales le respect du droit national et international, en particulier en ce qui concerne le respect des droits sociaux et la préservation de l’environnement. Certains actes de multinationales, comme le déversement de produits radioactifs dans des nappes phréatiques au Katanga, tout comme beaucoup d’autres dans la région ne peuvent rester impunis ;
  • f) Favoriser la mise en place, via l’ONU, d’un tribunal international contre les délits et crimes économiques et financiers à l’instar de la Cour pénale international ;
  • g) Refusant de signer les accords de partenariat économiques (APE) ;
  • h) Cessant tout projet d’introduction voire d’expérimentation des OGM ;
  • i) Favorisant la mise en place de règles internationales justes en faveur d’un commerce équitable et favorisant la souveraineté alimentaire des peuples d’Afrique et du monde ;

La lutte pour un monde socialement juste et écologiquement durable, la lutte contre l’impunité et la corruption passe par l’audit de la dette et des ressources naturelles. Le sud ne doit rien et ne doit pas payer.

« Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font du tort, mais à cause de ceux qui laissent faire » (Einstein)

Une Autre Afrique centrale est possible

Une Autre Afrique est possible

Un Autre Monde est possible





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