lib	ration afrique
Solidarité internationale et luttes sociales en Afrique subsaharienne
 

Accueil | Qui sommes nous ? | Actualité | Dossiers | Pays | Liens
 
Enregistrer au format PDF   afficher une version imprimable de cet article



Abonnez-vous à la
lettre d'information
de Libération Afrique




Derniers articles :

Les autorités doivent libérer un leader de l’opposition détenu depuis deux mois - - 1er février 2016
Confiscation des libertés et violations massives des droits de l’Homme en République du Congo - 10 décembre 2015
« Le Président François Hollande plante un couteau dans le dos du peuple congolais » - - 22 octobre 2015
Congo-Brazzaville : au lieu d’isoler le régime et de suspendre sa coopération militaire, la France accueille aujourd’hui un ministre de Sassou ! - - 21 octobre 2015
Coup d’État constitutionnel en cours au Congo-Brazzaville : l’heure de vérité pour la diplomatie française - - 23 septembre 2015
Déclaration de Tournons la Page Congo - 2 juillet 2015
L’argent du pétrole est-elle dépensée d’une manière efficace ? - - 4 décembre 2014
La justice française confirme la mise en examen d’un général congolais accusé de crimes contre l’humanité - - - - 9 octobre 2014
Manifeste du mouvement citoyen pour le respect de l’ordre constitutionnel - 28 mai 2014
A contretemps de l’Histoire, la France adoube le dauphin du président Sassou Nguesso - - 18 février 2011
Il y a tout juste un an, le journaliste Bruno Jacquet Ossebi disparaissait dans des circonstances à ce jour non élucidées - - - - - 2 février 2010
Des personnalités françaises valident la réélection frauduleuse d’un pilier de la Françafrique - - 16 juillet 2009


Voir également :


Environnement - lutte contre le changement climatique : Pour protéger le climat de la planète, la France doit se désengager du secteur d’exploitation forestière industrielle dans le bassin du Congo
Burundi : « Tournons la page » ne reconnaît pas le résultat de l’élection présidentielle et soutient les Burundais qui refusent la mascarade électorale de Pierre Nkurunziza
Droits Humains - Démocratie : En Afrique comme ailleurs, pas de démocratie sans alternance !
Françafrique : La paix en Afrique ne doit pas se décider à l’Elysée avec des dictateurs !
Tchad : Combien de temps la population restera-t-elle otage du pire dictateur de la Françafrique ?
Françafrique : Sortir de l’influence militaire et engager la politique française dans le soutien de la démocratie en Afrique
Françafrique : Françafrique : un engagement non tenu de François Hollande, des reculs préoccupants
Françafrique : « Dictateurs amis de la France », l’Elysée maintient le cap !
Corruption - Biens mal acquis : Affaire des "Biens mal acquis" : la plainte déposée par Transparence International France est jugée recevable
Corruption - Biens mal acquis : Les sections africaines de Transparency International renouvellent leur appel en faveur d´une mise en oeuvre effective du principe de restitution des avoirs détournés
Migrations - Réfugié(e)s : Les associations appellent les députés à refuser les accords de "gestion concertée" des migrations soumis à leur vote le 14 mai
Corruption - Biens mal acquis : Un premier pas vers la reconnaissance des droits des victimes de la corruption
Corruption - Biens mal acquis : Biens mal acquis : dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile
Corruption - Biens mal acquis : Transparence International France et Sherpa relancent une plainte visant les biens mal acquis détenus en France par cinq dictateurs africains
Corruption - Biens mal acquis : Biens Mal Acquis des dirigeants africains : une information doit être ouverte


Site(s) web :

Congo - Biens mal acquis :


Dernier(s) document(s) :

Nouveaux investissements d’Eni dans des sables bitumineux et d’huile de palme dans le bassin du Congo : d’énormes risques environnementaux et sociaux, et aucune amélioration réelle dans l’accès à l’énergie des plus pauvres ? - - 3 juillet 2009 (PDF - 347.1 ko)
Exploitation du pétrole et les droits humains au Congo Brazzaville - Un rapport de la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) et la Commission Diocésaine Justice et Paix de Pointe-Noire - 10 février 2009 (Word - 1.4 Mo)
Les prisonniers politiques et les cachots illégaux : sur fond de règlement de comptes, le gouvernement rattrapé par ses vieilles pratiques - Un rapport de l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme - 30 novembre 2006 (Word - 91 ko)
Rapport d’une mission FIDH d’observation judiciaire au procès des ’disparus du Beach’ - FIDH - 8 décembre 2005 (PDF - 1.5 Mo)
Jeu de dupes et violations récurrentes des droits de l’Homme - Rapport de la FIDH et de l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme - mai 2004 (PDF - 664.1 ko)
Gestion de la rente pétrolière au Congo Brazzaville : mal gouvernance et violations des droits de l’Homme - Rapport de la FIDH - 2004 (PDF - 1.6 Mo)
Elections en trompe-l’oeil au Congo-Brazzaville - Rapport de la FIDH - mars 2002 (PDF - 50.1 ko)

La France persiste dans son soutien à la dictature

19 décembre 2014
- http://survie.org/


Un mois après la chute de Ben Ali, début 2011, la diplomatie de Nicolas Sarkozy avait remis la Légion d’honneur française au contre-amiral Jean-Dominique Okemba, secrétaire général du puissant Conseil National de Sécurité du Congo [1]. Trois ans plus tard, et un mois après la chute de Blaise Compaoré, l’ambassadeur de France à Brazzaville vient, au nom de François Hollande, de remettre les insignes de la Légion d’honneur à un autre pilier du régime sécuritaire du dictateur Sassou Nguesso : le général de division Guy Blanchard Okoï. Tout un symbole, à l’heure où l’exécutif défend à nouveau la démocratie par le verbe.

Le discours de François Hollande au Sommet de la Francophonie à Dakar, le 29 novembre dernier, mettait en effet en garde les présidents africains souhaitant se maintenir au pouvoir en violant leur Constitution, un commentaire bien mal perçu au palais présidentiel de Brazzaville. Le même François Hollande défendait pourtant également « la nécessité d’une solidarité sur le terrain sécuritaire ». Au Congo, où le clan de Sassou Nguesso s’est engagé depuis des mois dans la perspective d’un tripatouillage constitutionnel permettant au général-président de rester au pouvoir [2], c’est cette « solidarité » que l’ambassadeur de France a exprimée lors de la cérémonie de remise de la prestigieuse décoration, en vantant « la consolidation des liens très étroites qui unissent le Congo et la France dans le domaine de la coopération de défense » [3].

Quelques jours plus tard, interrogé sur la perception du discours de Hollande par les présidents congolais et tchadien, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian expliquera qu’« il faut trouver un équilibre entre l’objectif démocratique et la nécessité sécuritaire dans le cadre d’un dialogue parfois tonique, mais nécessaire. Même si la priorité est aujourd’hui sécuritaire ». De fait, la coopération sécuritaire se poursuit pleinement avec le Congo, dans le cadre de programmes de formation des cadres des forces armées (qui interviennent désormais aux côtés de la France en Centrafrique) et du Service de Sécurité Intérieure français, qui intervient notamment « dans le domaine du conseil technique auprès des autorités de police en matière de sécurité publique, de police judiciaire » [4].

Au Congo, le principal enjeu « sécuritaire » est justement lié à l’élection présidentielle de 2016, et à la modification préalable de la Constitution pour que Sassou Nguesso puisse s’arroger un nouveau mandat. Suite au renversement de Blaise Compaoré alors que celui-ci avait un projet similaire, la tension est encore monté d’un cran à Brazzaville. Début novembre, la police est ainsi intervenue au domicile d’un leader de l’opposition, Clément Mierassa, pour empêcher une réunion du « Mouvement citoyen pour le respect de l’ordre constitutionnel » créé en mai dernier, et a interpellé une trentaine de militants [5].

Dans ce régime sécuritaire aux abois, le général Okoï, qui vient de recevoir les honneurs français, n’est pas n’importe qui : chef d’État-major des forces armées congolaises, ce pilier du clan présidentiel [6] est l’ancien commandant du Groupement des paras commandos, resté fidèle à Sassou Nguesso lorsque celui-ci avait été chassé du pouvoir par les élections de 1992, avant de le reprendre par les armes cinq ans plus tard, grâce au soutien de la France. Selon la Lettre du Continent (30/08/2001), il « s’était fait remarquer par sa férocité lors de la guerre civile de 1997 » et avait été « promu en décembre 1997 commandant de la zone militaire "sensible" de la Likouala » puis « rappelé fin 1998 à Brazzaville pour mater la rébellion, menée par les miliciens Ninjas de l’ancien Premier ministre Bernard Kolelas, dans la région du Pool ». Son parcours est par ailleurs emblématique de la coopération militaire française avec les armées des régimes françafricains : diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr, il a également « suivi un cours d’application d’officier à Angers et une formation d’état-major de Compiègne en 1993 », et est déjà détenteur de la Croix de la valeur militaire française [6].

François Hollande, dont la décision d’attribuer cette Légion d’honneur daterait de juillet dernier selon la presse congolaise, mais qui n’est pas revenu sur ce choix suite au message envoyé par les Burkinabè fin octobre, marche ainsi pleinement dans les pas de son prédécesseur Nicolas Sarkozy : un mois après le renversement populaire d’un despote, il décore et honore un pilier du régime dictatorial congolais.

L’association Survie rappelle que les discours officiels français en faveur de la démocratie ne servent à rien s’ils ne sont pas suivis d’actes, et exhorte une fois de plus les autorités à cesser toute coopération sécuritaire avec les régimes dictatoriaux.




[1] « A contre-temps de l’histoire, la France adoube le dauphin du président Sassou Nguesso », communiqué de Survie et de la Fédération des Congolais de la Diaspora, 18 février 2011, http://survie.org/francafrique/cong....

[2] « Ne touchez pas à Sassou, vous êtes avertis », Billets d’Afrique n°238, septembre 2014, http://survie.org/billets-d-afrique....

[3] selon le site http://www.congo-site.com/Le-genera.... Aucune déclaration n’est en revanche disponible sur le site de l’ambassade de France au Congo, dont la page « actualités » n’évoque pas l’événement.

[4] « Jean-Yves Le Drian : "Au Mali comme en Centrafrique, l’heure de vérité approche" », Jeuneafrique.com, 16 décembre 2014.

[5] « Burkina Faso : un exemple pour l’Afrique centrale ? », RFI.fr, 5 novembre 2014 ; http://www.rfi.fr/afrique/20141104-....

[6] D’ethnie mbochi comme Denis Sassou Nguesso, qui a érigé l’ethnisme en mode de gouvernement et d’administration de son armée, le général Guy Blanchar Okoï est le frère d’Alain Okoï, ancien directeur financier de la Congolaise de raffinage (Coraf) devenu en 2012 le patron d’une filiale de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), partenaire en affaires du groupe Total (La Lettre du Continent, 11/12/13).





Accueil | Qui sommes nous ? | Actualité | Dossiers | Pays | Liens
Copyrights | 2022 | liberationafrique.org