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Dette
Le CADTM rejette la décision du FMI sur la dette |
22 décembre 2005 - Suite aux annonces des huit pays les plus industrialisés (G8) en juin dernier, le FMI vient d’annoncer qu’il va annuler la dette de 19 pays pauvres à son égard au début de l’année 2006. Son Directeur général, l’Espagnol Rodrigo Rato, a qualifié ce moment d’"historique". Tout laisse donc à penser que la réduction de la dette est généreuse et que le FMI a pris la mesure du problème. Ce qui est absolument faux. Tout d’abord, 17 des 19 pays concernés par l’annonce du G8 sont des pays pauvres et très endettés (PPTE) qui ont dû réaliser un véritable parcours du combattant néolibéral : réduction drastique de leurs budgets sociaux, privatisations massives, ouverture des marchés, libéralisation de leur économie..., pour le plus grand profit des sociétés multinationales et des investisseurs internationaux. Mais ce sont autant de coups très durs portés aux conditions de vie des populations pauvres. Les deux pays non PPTE de la liste, le Cambodge et le Tadjikistan, se sont déjà pliés eux aussi aux exigences du FMI. Tous ces pays ont donc déjà payé très cher, en terme de souffrances humaines, le droit d’être ainsi éligibles. Le CADTM note l’absence dans la liste de la Mauritanie, alors qu’elle aurait dû en faire partie. Les décisions prises lors du dernier sommet du G8 étaient claires : les 18 pays ayant atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE allaient bénéficier d’une annulation totale de leur dette envers le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Le FMI ne l’accorde que pour 17 pays, excluant la Mauritanie. Dans le communiqué du FMI, il n’en est fait aucune mention. Depuis quelques jours, le bruit courait que 6 pays étaient menacés d’être exclus de la liste, en totale contradiction avec les engagements des pays du G8 qui règnent en maître au FMI. La forte mobilisation des organisations impliquées dans le combat pour l’annulation de la dette, dont le CADTM, a donc permis de faire pression efficacement sur le FMI qui en a réintégré 5 sur 6. Pour le CADTM, la décision du FMI est à la fois inadaptée et inadmissible. Inadaptée car elle ne concerne qu’un petit nombre de pays (19, représentant moins de 5% de la population des 165 pays dits " en développement ") ; inadmissible car elle renforce la domination que les créanciers imposent à la planète entière par l’intermédiaire de la dette. En effet, afin de faire accepter ses remèdes frelatés, le docteur FMI fait mine de prescrire des stratégies de réduction de la pauvreté. Il se construit un alibi (de maigres sommes saupoudrées sur de rares projets sociaux) tout en cachant les graves effets secondaires : dans des pays où plus de 40 % du budget sert à rembourser la dette, il interdit aux gouvernements de recruter et de former suffisamment d’enseignants, d’aides-soignants, de médecins, etc., au nom de sacro-saints principes comme la réduction de la fonction publique et l’équilibre budgétaire. Le CADTM se félicite que la pression citoyenne ait permis de réintégrer 5 pays dans la liste, mais exige du FMI qu’il explique pourquoi la Mauritanie a été exclue alors qu’elle y figurait initialement. Le CADTM considère que la démarche du FMI, et plus généralement les mesures prises par l’ensemble des créanciers, ne sont que des leurres permettant de détourner l’attention de l’opinion publique. Les revendications essentielles demeurent l’annulation de la dette extérieure publique de tous les pays en développement et l’abandon définitif des politiques d’ajustement structurel. Cette dette ponctionne les richesses des pays du Sud pour les envoyer vers de riches créanciers, ravage des régions entières, répand la misère et la corruption. Cette dette est illégitime, et, pour une large part, odieuse. Pour le CADTM, son annulation totale et inconditionnelle n’est pas négociable. |
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