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Niger
La société civile désapprouve la nomination de Seyni Oumarou |
5 juin 2007 - Trois (3) jours après la chute du gouvernement de Hama Amadou, à la suite d’une motion de censure votée à la majorité des députés nationaux toutes tendances confondues, les organisations de la société civile nigérienne, signataires de la présente déclaration, ont appris avec indignation la nomination de Monsieur Seyni Oumarou au poste de Premier ministre, Chef du gouvernement. Cette nomination vient balayer d’un revers l’espoir immense suscité au sein de la population nigérienne par le vote de la motion de censure. Avec ce vote, nombreux sont les Nigériennes et les Nigériens qui ont pensé que tous les obstacles à un dénouement judiciaire de l’affaire dite de MEBA sont désormais levés. Aussi, les organisations de la société civile, signataires de la présente déclaration, tiennent-elles à exprimer leur désapprobation totale par rapport à cette décision pour les raisons suivantes : 1- Les organisations signataires considèrent que la nomination de Monsieur Seyni Oumarou est un signal négatif quant à la volonté du Président de la République Mamadou Tandja, de permettre à la justice de faire son travail dans le traitement de l’affaire dite du MEBA, caractérisée par des détournements des deniers publics. C’est le lieu de rappeler que le nouveau Premier ministre fait partie des personnalités que la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice avait souhaité entendre dans le cadre de cette affaire, qui a porté un préjudice grave à l’école nigérienne aujourd’hui en proie à une crise profonde face à laquelle le précédent gouvernement a affiché un mépris royal. En nommant au poste de Premier ministre une personnalité citée dans cette affaire, après avoir déjà refusé de prendre les dispositions pour que l’ancien Premier ministre Hama Amadou et ses intérimaires Seyni Oumarou et Abdou Labo soient entendus par la justice, le Président de la République vient d’hypothéquer l’espoir de les voir comparaître devant la Haute Cour de Justice ; créant ainsi une rupture d’égalité des citoyens devant la loi et portant atteinte à l’indépendance de la justice, dont il est pourtant le garant. 2- Les organisations signataires regrettent profondément que le Président de la République n’ait pas choisi de nommer au poste de Premier ministre une personnalité non concernée par l’affaire dite de MEBA et susceptible de se démarquer de la politique conduite par le précédent gouvernement. En portant son choix sur une personnalité citée dans l’affaire MEBA, alors que rien ne l’y oblige du point de vue légal, le Président de la République cautionne clairement tous les actes répréhensibles qui ont motivé le vote de la motion de censure. C’est pourquoi, les organisations signataires tiennent le Président de la République pour responsable de la situation désastreuse créée par la gestion prédatrice de son ancien Premier ministre Hama Amadou, qui se pose en victime et bouc émissaire dans le dessein de gagner la sympathie des citoyens et échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires. 3- Les organisations de la société civile estiment que la chute du gouvernement de Hama Amadou devrait ouvrir la voie à un changement de cap dans la gestion de certains dossiers sensibles tels que la crise qui prévaut dans le domaine de l’éducation. Si des nombreux citoyens nigériens ont salué le départ de Hama Amadou et de son gouvernement, c’est d’abord et avant tout dans l’espoir de voir cet événement favoriser notamment le règlement de la grave crise estudiantine et scolaire, la fin de l’impunité pour les prédateurs des deniers publics, la restauration de la crédibilité de la justice nigérienne, l’instauration d’un climat de sérénité dans le pays, etc. Avec la nomination au poste de Premier ministre de Monsieur Seyni Oumarou rien ne permet de croire que le changement souhaité par les Nigériens peut s’opérer ; car, le nouveau Chef du gouvernement, qui a fait partie de toutes les équipes formées par Hama Amadou, n’a aucune prédisposition à agir dans le sens souhaité par les Nigériens et les Nigériennes. 4- Les organisations de la société civile interpellent le Président de la République sur la responsabilité qui lui incombe de veiller à ce que la justice puisse faire son travail. En sa qualité de magistrat suprême, Président du Conseil Supérieur de la magistrature, et conformément au serment qu’il a prêté sur le Saint Coran, le Président de la République doit démontrer à la face du monde, et particulièrement des Nigériens qui l’ont porté à ce poste, qu’il mérite leur confiance. C’est pourquoi, nous organisations de la société civile lui demandons de donner une suite à la demande de la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice, en envoyant devant elle toutes les personnalités citées dans l’affaire MEBA. 5- Les organisations de la société civile estiment, en tout état de cause, que le Président de la République et sa majorité ont la responsabilité de trouver une solution rapide à la grave crise de l’école nigérienne. Les dispositions doivent être prises pour que l’année scolaire ne soit pas blanchie ; car, il serait impardonnable que les élèves et étudiants fassent les frais de l’affaire MEBA, alors que le Président de la République semble garantir l’impunité à certaines des personnalités citées dans cette affaire. Si tant est que la motion de censure contre le gouvernement de Hama Amadou est réellement motivée par l’affaire MEBA et la situation critique de l’école nigérienne, les organisations signataires invitent les députés qui ont voté cette motion a usé de tous les moyens légaux à leur disposition pour amener le Président de la République à prendre les décisions idoines pour remettre l’école nigérienne sur les rails. |
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