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Voir également :


OMC - AGOA - Commerce international : Reform of US cotton subsidies could feed, educate millions in poor west African countries
Agriculture - Accès à la terre - Souveraineté alimentaire : Appel de Niamey pour la souveraineté alimentaire de l’Afrique de l’ouest
Burkina Faso : Accords de Partenariat Economique (APE) : Changeons de cap !
OMC - AGOA - Commerce international : Déclaration de ROPPA à la Conférence inter-Ministérielle de l’OMC à Hong Kong
Agriculture - Accès à la terre - Souveraineté alimentaire : Message du ROPPA au Premier ministre Tony Blair et aux membres du G8


Site(s) web :

Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest :
Institut Panos - Afrique de l’Ouest :
Forum social Ouest Africain - Cotonou 2005 :


Dernier(s) document(s) :

The Myths of the West African Gas Pipeline - by Friends of the Earth International - 10 mars 2006 (PDF - 1.4 Mo)

Memorandum du Roppa, de la CPF et des organisations de la société civile du Burkina sur l’intégration régionale et les négociations pour l’APE

2 juin 2007
-
- http://www.roppa.info/


En marge de la réunion de la CEDEAO qui se tient actuellement à Ouagadougou, Burkina Faso, le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), la Confédération Paysanne du Faso, en collaboration avec des organisations de la société civile du Burkina Faso (Association Pour le Développement de la Jeunesse en Afrique (ADJA), La ligue des consommateurs du Burkina...) organisaient du 30 mai au 04 juin 2007 des activités visant à informer l’opinion publique et interpeller les autorités nationales et régionales (UEMOA, CEDEAO) sur leurs interrogations et inquiétudes concernant le processus d’intégration régionale, les politiques agricoles et commerciales régionales et les négociations des APE avec l’UE. Une marche des producteurs a mobilisée ce jour 1er juin environ 2000 paysans et acteurs de la société civile. A l’issue de la marche, le président du Comité Exécutif du ROPPA, monsieur N’Diogou FALL, a remis au Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques, représentant le ministre, un mémorandum pour transmission aux autorités régionales, notamment à son Excellence, Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Faso, Président en exercice de la CEDEAO.

L’Afrique de l’ouest entre progressivement avec la saison des pluies, dans un nouveau cycle de production. Nous prions Dieu (Allah) pour que l’hivernage soit fécond et que la paix règne partout afin que nos agricultures puissent assumer leurs fonctions cardinales qui sont de nourrir les populations, créer des richesses, gérer l’Environnement et transmettre les valeurs des sociétés agraires !

Après 35 ans d’affirmation de la volonté politique de se constituer en une entité économique unique, avec la mise en place en janvier 2007 de la Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le processus d’intégration régionale de l’Afrique de l’ouest entre enfin dans une phase décisive. Mais les écueils sont nombreux et des conditions sont encore à remplir.

Reste, en effet à lui donner les chances de se consolider et d’atteindre les objectifs pour laquelle elle a été voulue : marché régional, réduction de la dépendance alimentaire et de la pauvreté, développement économique et sociale, épanouissement de ses populations, …Reste aussi à lui donner encore plus de légitimité, en renforçant le dialogue entamé entre les institutions d’intégration régionale que sont la CEDEAO et l’UEMOA avec l’ensemble des acteurs, sur tout ce qui va toucher de près et même de loin les citoyens.

Comme le dit un vieil adage africain « on ne taille pas le bonnet du phacochère en son absence ». C’est pour cela, qu’à l’occasion de la réunion de la Commission de la CEDEAO à Ouagadougou, nous, membres du réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), de la Confédération Paysanne du Faso (CPF) et des Organisations de la Société Civile du Burkina, avons convenu de réaffirmer notre profond attachement à l’intégration régionale mais aussi d’exprimer nos interrogations sur le cours actuel du processus d’intégration régionale. C’est pour cela que nous avons adopté le présent mémorandum dans lequel nous réaffirmons que « nous ne pouvons nous tromper nous même » comme l’a indiqué notre doyen Mamadou Cissokho dans la préface du Mémorandum du ROPPA sur la Politique agricole de l’UEMOA en octobre 2001.

MEMORANDUM

Convaincus que l’intégration économique régionale reste la seule voie pour l’Afrique de l’Ouest de créer les conditions favorables au développement économique et sociale, à l’épanouissement de ses populations et la conquête d’une place honorable dans la construction d’un monde de solidarité, d’équité et de justice sociale et économique.

Convaincus que la base et le moteur de l’intégration régionale est une agriculture moderne centrée sur les exploitations familiales et orientée vers la réalisation de la souveraineté alimentaire et l’approvisionnement d’un marché régional dynamique ;

Convaincus que la réalisation de la souveraineté alimentaire de la sous-région est le socle sur lequel devra se construire le marché commun en vue de résoudre les problèmes récurrents d’insécurité et de dépendance alimentaires, de pauvreté rurale, d’exode massif des jeunes, de désertification des terroirs et de dégradation des ressources naturelles ;

Considérant que la politique régionale de la CEDEAO (ECOWAP) et le plan d’action du volet agricole du NEPAD représentent la vision partagée par tous les acteurs de la sous -région, pour le développement du secteur agricole, la réduction de la dépendance alimentaire et le développement d’un marché régional des produits agricoles et agroalimentaires locaux ;

Considérant l’appel du forum régional de Niamey sur la Souveraineté alimentaire de l’Afrique de l’ouest pour l’élaboration d’une charte régionale sur la souveraineté alimentaire ;

Constatant la non application des décisions et engagements pris par les chefs d’Etat aux niveaux sous régional, continental sur le développement du secteur rural (Maputo, 2003 ; Abuja1 2006, Objectifs du Millenium, NEPAD, ECOWAP ….)

Constatant que les politiques libérales mises en place dans le cadre des programmes d’ajustements structurels et qui se reflètent dans le démantèlement des services d’appui aux producteurs et l’adoption par l’UEMOA d’un Tarif Extérieur Commun (TEC) très bas se sont traduites par une dépendance alimentaire et une pauvreté rurale plus accrues ;

Constatant que les négociations d’un Accord de Partenariat Economique (APE) s’inscrivent également dans le cadre de la libéralisation dont les conséquences ont été désastreuses pour nos économies nationales et pour les producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest ;

Préoccupés par l’application à l’ensemble des pays de la CEDEAO du TEC de l’UEMOA qui a été inefficace pour stimuler la production agricole et les échanges intra-régionaux, réduire la dépendance alimentaire et stopper la perte de devises pour l’importation de produits alimentaires ;

Préoccupés par les conséquences désastreuses potentielles de la création d’une zone de libre échange avec l’Union Européenne sur la réalisation de la souveraineté alimentaire, la création d’un marché commun et le développement de nos secteurs productifs, notamment agricoles et agroindustriels, au stade actuel du développement économique et d’intégration de l’Afrique de l’Ouest ;

Préoccupés par la baisse de revenu des producteurs et l’aggravation de la pauvreté en milieu rural et plus particulièrement par la situation des producteurs de coton du fait de la baisse d’année en année du prix au producteur et du renchérissement du prix des intrants dues à des politiques injustes et déloyales.

Nous, membres du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), de la Confédération Paysanne du Faso et des Organisations de la Société Civile du Burkina,

Soutenons

1. La décision des Chefs d’Etat de transformer la CEDEAO en un véritable instrument d’intégration avec la mise en place depuis janvier 2007 d’une Commission aux pouvoirs et prérogatives étendus.

Exigeons des gouvernements, de la CEDEAO et de l’UEMOA

2. L’accélération de la mise en œuvre des politiques agricoles régionales (ECOWAP, PAU) et du PDDAA/NEPAD à travers l’adoption de mécanismes innovants de financement des investissements structurants, de stabilisation des revenus, de protection sociale et d’assurance face aux calamités naturelles pour les exploitations familiales agricoles.

3. L’adoption de mesures de protection aux frontières régionales et des mesures de sauvegarde qui restent les seuls instruments efficaces pour assurer le développement d’un marché régional pour les produits agricole et agroalimentaires locaux ;

4. L’adoption, notamment d’un TEC avec une 5ème bande dont le taux est au moins équivalent aux droits de douane notifiés à l’OMC par les Etats d’Afrique de l’Ouest ;

5. L’application effective des dispositions légales sur la libre circulation des personnes et des biens, les droits de résidence et d’établissement et la levée des multiples obstacles administratifs ou informels freinant les échanges transfrontaliers au sein de l’espace CEDEAO.

Exigeons des administrations et institutions en charge des négociations sur les accords commerciaux

6. De ne pas signer l’APE avec l’Union Européenne tant que les préalables suivants ne sont pas effectivement remplis :

- a. La réalisation effective de l’intégration régionale à travers la mise en place effective et vérifiable de tous les instruments dont l’Union douanière, l’Union monétaire et ;

- b. La réalisation d’un marché commun véritable fondé sur les préférences régionales, avec un niveau acceptable d’échanges intrarégionaux pour les produits agricoles et agroalimentaires ;

- c. Un régime commercial asymétrique et équitable, tenant compte des impératifs d’intégration et de développement de la région.

- d. Une ouverture modulée et régulée à une hauteur maximum de 50% des échanges ; cette ouverture ne peut en aucun cas concerner la liste des produits stratégiques arrêtée par la région ;

- e. Le report de 3 ans de la date de signature de l’APE, comme demandé par la CEDEAO ;

- f. Une période de transition suffisamment longue pour consolider l’intégration régionale et réaliser les objectifs de ECOWAP notamment en ce qui concerne la réalisation de souveraineté alimentaire ;

- g. l’aboutissement des négociations multilatérales à l’OMC pour le Cycle de Doha.

7. De lancer, sans délai, le processus participatif de détermination d’une liste de produits spéciaux et stratégiques à soustraire de tout accord commercial y compris l’APE, avec la méthode convenue par les acteurs de la région lors de l’atelier de Ouagadougou de janvier 2007 ;

8. L’organisation de véritables débats démocratiques aux niveaux local, national et régional sur les enjeux et les défis de l’intégration régionale et des règles commerciales de l’OMC et l’APE qui vont avoir des conséquences certaines sur nos terroirs, nos agricultures et notre partenariat avec le reste du monde pour une très longue période .

Exigeons des gouvernements

9. Le respect des engagements librement consentis par les Chefs d’Etats africains à Maputo, notamment d’allouer, au moins, 10% du budget national au financement de l’agriculture (y compris l’élevage, la pêche et la foresterie) et de mettre en œuvre des programmes concertés avec les acteurs permettant d’atteindre au moins 6% de taux de croissance agricole équitablement partagé et dont les bénéfices financeront la Promotion de l’Economie rurale.

Exhortons les Organismes de Coopération régionale et aux Etats à œuvrer pour que :

10. Le processus de révision de la charte de l’aide alimentaire soit une occasion pour l’Afrique de l’Ouest de se doter d’une véritable charte de la souveraineté alimentaire dans laquelle elle réaffirmera sa ferme volonté d’assurer la sécurisation alimentaire et nutritionnelle pour tous, sur la base des potentialités agroécologiques, les échanges intra-régionaux et les valeurs culturelles de la région,

Réaffirmons

11. Notre solidarité et notre soutien sans faille aux cotonculteurs du Burkina et des autres pays d’Afrique de l’ouest pour la juste lutte qu’ils mènent pour la reconnaissance de leur droit de vivre dignement du fruit de leur travail ;

12. Notre soutien à l’initiative sectorielle sur le coton du groupe des 4 (Bénin, Burkina, Mali et Tchad) et exhortons les négociateurs africains de ne signer aucun accord à l’OMC tant que le problème du coton n’a pas trouvé une solution définitive et acceptable pour les producteurs africains ;

Réitérons

13. Notre engagement à œuvrer pour la transformation de nos systèmes de production en vue de la réalisation des objectifs du Millenium pour le développement, notamment l’atteinte de 6% pour le taux de croissance agricole ;

14. Notre détermination à nous mobiliser, nous concerter et engager un dialogue avec les autorités régionales et nationales et tous les autres groupes d’acteurs de la sous-région pour la réalisation de l’intégration régionale et la mise en œuvre des politiques sectorielles notamment agricoles et environnementales ;

15. Notre détermination à utiliser tous les moyens légaux de pression pour faire prendre en compte les intérêts des exploitations familiales dans les politiques économiques, les accords commerciaux et les mesures relatives à l’intégration régionale

Fait à Ouagadougou, le 31 Mai 2007





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