Considerant :

 La situation dramatique dans les villes du monde :

• La mondialisation néolibérale qui règne, basée sur l’exclusion et l’inégalité sociale, est à l’origine de violations de plus en plus nombreuses du droit au logement, laissant plus d’un milliard de personnes sans toit, ou logées dans des conditions désastreuses, menacées d’expulsion, discriminées par les guerres, victimes des catastrophes, parce qu’elles sont migrants, femmes, pauvres, populations discriminées comme les Dalits, les Roms et les peuples autochtones ;

• L’UN-Habitat prévoit que, d’ici 2020, le nombre de personnes vivant dans ces conditions augmentera de 70%, soit plus de 1,7 milliards dans le monde entier, tandis que les politiques urbaines continuent à privilégier les intérêts immobiliers par rapport aux intérêts de la majorité, et que les gouvernements des pays pauvres continuent à assurer le paiement de la dette extérieure exigé par la Banque Mondiale et le FMI. Ainsi, la réalisation de la cible n° 7 de l’Objectif n°11 du Millénaire pour le Développement, établie par les Nations Unies, qui prévoit l’amélioration des conditions de logement de 100 millions de personnes d’ici 2020, s’avèrera impossible et velléitaire.

 Qu’il existe une maturité sociale et que le temps de faire entendre efficacement la voix, l’expérience et la politique des nouveaux habitants organisés globalement - localement est arrivé :

• Chaque jour, de nouvelles initiatives surgissent dans le monde entier, issues des organisations sociales et des réseaux d’habitants qui résistent héroïquement aux expulsions, luttent contre les privatisations et la libéralisation du secteur du logement, occupent des immeubles vacants et des vides urbains et défendent solidairement le droit au logement.

• Au sein de ces luttes quotidiennes, surgissent des alternatives diverses et participatives, venant des communautés, des quartiers, des colonies, des favelas, qui préfigurent non pas un, mais plusieurs modèles appelés à se transformer en politiques publiques urbaines et rurales, ou en véritables alternatives de développement humain durable.

Ces expériences populaires et sociales démontrent la capacité extraordinaire et la maturité des mouvements sociaux urbains, expression politique moderne des anciens "bâtisseurs de villes" en s’intégrant de manière créative, efficace et solidaire dans la résolution des différents problématiques urbaines et rurales .

Ces mouvements sont divers, tant par leur origine, leur culture et leur implantation géographique, mais ils partagent des principes communs de solidarité, caractérisés par un fort enracinement social et la volonté commune de construire un autre monde possible, en affirmant que d’autres villes sont possibles.

Pour ces raisons nous convoquons et soutenons l’organisation d’une Assemblée Mondiale des Habitants en 2011.

Nous reconnaissons ses racines, entre autres, dans la Charte des Principes du FSM et dans la Charte de San Salvador, dans l’Assemblée Mondiale des Habitants (México, octobre 2000) et dans l’Assemblée Mondiale des citoyens pour un mode solidaire et responsable (Lille, octobre 2001) ; nous fondons cette proposition sur l’Appel pour l’unité des mouvements sociaux urbains, approuvé par plus de 350 organisations de plus de 40 pays dans tous les continents.

Nous lançons un large appel à toutes les organisations et réseaux d’habitants, aux coopératives, syndicats de locataires, centres communautaires, peuples autochtones et comités de lutte pour le droit au logement de tous les pays, pour organiser ensemble cette initiative aux différents niveaux (local, national, régional et mondial) avec les objectifs suivants :

 Construire un espace commun, global et solidaire, de rencontre pour l’échange d’expériences, le débat, l’évaluation, la systématisation et l’élaboration de propositions, un espace basé sur la reconnaissance de la diversité de culture et de genre, mais également de la complémentarité et de l’équilibre dans le respect de notre droit à nous organiser de manière autonome en tant que mouvement urbain international, en construisant la Voie urbaine (Vía Urbana), face aux différents acteurs (autorités locales, gouvernements, pouvoirs transnationaux, professionels, Ongs).

 Promouvoir des initiatives mobilisatrices d’action commune et solidaire, pour la défense de notre droit légitime au logement, à la ville et à l’habitat.

Cimentons notre coordination et nos convergences, face à la mondialisation néolibérale, pour être en mesure de construire ensemble un autre monde possible et d’autres villes possibles !

Nous proposons à tous d’utiliser le site www.habitants.org et les autres ressources informatiques pour diffuser et systématiser largement et efficacement à chaque étape.

Madrid, le 2 juin 2008