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Niger
Déclaration sur les mesures fiscales contenues dans la loi des finances rectificative 2005 |
24 février 2005 - Depuis le début de l’année 2005, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN) a suivi avec beaucoup d’intérêt les premiers pas du régime du Président Mamadou Tandja, réélu par le peuple nigérien à une écrasante majorité, malgré le bilan désastreux de son premier mandat caractérisé par la privatisation des entreprises publiques, la mauvaise gestion des maigres deniers publics, la déliquescence des services publics, les violations multiples des droits humains, etc. Oubliant et reniant ses promesses électorales, relatives à l’amélioration des conditions de vie des Nigériens, le régime en place a donné le signal du calvaire qu’il entend faire vivre aux ménages appauvris de ce pays, en décidant d’édicter dans le cadre de la loi des finances rectificative 2005 un train de mesures anti-sociales, dont l’unique objectif est d’obtenir la caution du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, institutions auxquelles les autorités en place vouent une dévotion totale. Ainsi, fidèle à son orientation économique néolibérale, le gouvernement a fait adopter par l’assemblée nationale des mesures fiscales tendant à frapper d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% plusieurs produits de première nécessité, notamment la farine de blé, le lait, le sucre, les noix de Kola, l’électricité. Cette taxe va s’appliquer également à l’eau potable, dont les prix ont connu déjà plusieurs hausses entre 1999 et 2004, conformément à l’engagement du gouvernement d’opérer chaque année une hausse des tarifs, afin de mobiliser les ressources nécessaires au remboursement des prêts contractés dans le cadre du programme sectoriel eau, concocté avec l’appui de la Banque mondiale. A cause des hausses successives des tarifs, des nombreux ménages se sont retrouvés privés de l’accès à l’eau potable, la Société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN), filiale de Vivendi Water, n’ayant pas hésité à procéder à des coupures et suspensions de la fourniture d’eau à tous ceux qui ne peuvent plus honorer le paiement de leurs factures. Cette situation s’est aggravée tout au long de l’année 2004 par des pénuries généralisées dans plusieurs villes du pays ; et aujourd’hui encore, dans plusieurs localités, les femmes sont obligées de faire des pénibles corvées d’eau. On peut mesurer le désastre que va provoquer, dans les prochains mois, l’introduction d’une TVA de 19% sur l’eau. La Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN) estime que les mesures fiscales prises par les autorités vont contribuer davantage dégrader la situation sociale, déjà très précaire, des populations nigériennes, dont près de 65% sont officiellement en dessous du seuil de pauvreté. Ces mesures sont d’autant plus inacceptables qu’elles concernent des produits vitaux tels que la farine de blé, le lait, le sucre, qui, normalement devraient être subventionnés par l’Etat pour permettre aux citoyens d’avoir une situation nutritionnelle équilibrée et appropriée. C’est le lieu de rappeler que dans notre pays, le pourcentage d’enfants souffrant de retard de croissance et d’insuffisance pondérale est passé respectivement de 36% en 1992 à 40% en 2000. Partant de cette situation, la CDSCN estime que l’augmentation des prix des denrées alimentaires, par suite de leur assujettissement à la TVA et aux droits d’accise, ne fera qu’aggraver les conditions de vie des pauvres, en particulier des enfants. Cette mesure constitue la preuve éloquente que les autorités en place, qui n’arrêtent pas de gonfler leurs fonds politiques et autres prébendes, ne se soucient guère du désastre social auquel sont exposées les populations. Au regard de tous ces éléments, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne : 1. S’insurge contre les mesures fiscales arbitraires et anti-sociales adoptées par l’Assemblée nationale, à l’initiative du gouvernement ; 2. se félicite de la promptitude avec laquelle de nombreuses organisations de la société civile ont réagi à ces mesures et décidé de la création d’une coalition dénommée "Qualité et équité contre la vie chère" ; 3. déplore le refus du Président de la République de prendre en compte les déclarations de dénonciation et les multiples appels lancés en sa direction par des organisations de la société civile lui demandant de ne pas abroger la loi des finances rectificative 2005 ; 4. invite l’ensemble de ses organisations membres, et au-delà tous les citoyens nigériens, à riposter à ces attaques sociales par des actions énergiques de mobilisation citoyenne ; 5. réaffirme que seule la mobilisation et la lutte des citoyennes et citoyens peuvent contraindre les autorités à revenir sur ces mesures anti-sociales, qui viennent couronner plus de deux décennies de politiques d’ajustement structurel, marquées par la privatisation des entreprises publiques, la réduction des budgets des secteurs sociaux, l’amenuisement du pouvoir d’achat des travailleurs, l’aggravation du chômage des jeunes, etc. Vive la CDSCN ! Vive la démocratie ! Vive le Niger !La lutte continue ! Fait à Niamey le 24 février 2005 |
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