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Site(s) web :

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Association Citoyenne de Défense des Intérets Collectifs (ACDIC) :
Eclairage critique du projet pétrolier Tchad-Cameroun :
Groupe de Recherches Alternatives et de Monitoring du projet Pétrole Tchad- Cameroun :
Journaliste En Danger - Afrique Centrale :


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Exploitation minière
Les plans souterrains de Géovic Cameroun

10 septembre 2006
- http://www.cedcameroun.org


L’exploitation imminente de cobalt dans la périphérie de la réserve de biosphère du Dja, dans l’Est Cameroun suscite moult inquiétudes.

L’exploitation du cobalt de Nkamouna passera par quelques sacrifices. De nombreuses familles Bantous et Bakas riveraines seront affectées par les travaux. Le promoteur du projet d’exploitation de nickel, de manganèse et de cobalt doit faire face à de nombreuses exigences sociales et environnementales. C’est l’une des principales informations retenues des séances d’informations publique concernant le plus grand projet minier jamais lancé au Cameroun. Il engendrera un gros volume d’investissement initial. Mais les riverains ne sont pas encore suffisamment sensibilisés sur ce qui les attend dans les prochaines années. Mais outre la perturbation du milieu social de Nkamouna, le projet implique d’autres enjeux environnementaux et sociaux. La mine d’une superficie de plusieurs hectares, par exemple, est située dans une zone forestière, abritant des végétations et des animaux endémiques. Un projet de "revégétalisation" doit être lancé après l’extraction. Le procédé d’extraction à l’usine utilisera de l’acide. Geovic Cameroun a déjà établi un rapport sur les impacts environnementaux et sociaux. Déjà déposé auprès des autorités compétentes. Tout semble être gagné pour Geovic à l’heure actuelle. Malgré les inquiétudes soulevées ici et là. Le gouvernement camerounais a déjà signé une convention avec l’exploitant. Bubinga revisite l’évaluation environnementale et sociale du projet de Nkamouna.

1- Géovic sur un plateau d’argent

Ce n’était plus qu’un secret de polichinelle : les réserves de cobalt visées sont très importantes. Elles permettraient aujourd’hui d’assurer le fonctionnement normal des industries pendant 172 ans. Bilan des courses, Geovic, une compagnie américaine, détient un permis d’exploitation sur le cobalt et le nickel de Lomié. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle : 52,7 millions de tonnes de cobalt, nickel et manganèse à exploiter pendant 25 ans sur un massif minéralisé de 300 km2 ! C’est la grosse trouvaille sur laquelle un groupe d’investisseurs camerounais et américains s’affairent depuis une dizaine d’années à Lomié dans la province de l’Est Cameroun, et dont la principale base est localisée dans un petit village dénommée Nkamouna et qui s’apprête à sortir de l’anonymat avec l’entrée en exploitation de la mine envisagée à l’échéance 2009.

Une échéance sur laquelle tout le monde à Nkamouna, comme à Lomié, et même au-delà du Haut-Nyong ou de la province de l’Est tout court, semble s’accorder pour dire qu’elle est sûrement la dernière. Surtout avec cette entrée, il y a quelques mois, de la Société nationale d’investissement du Cameroun (SNI) dans le projet qui rassure un peu plus toutes les parties prenantes. Les actionnaires camerounais avec lesquels la SNI a signé le 5 avril 2006 une Convention de gestion avec option de cession et de portage des actions représentant 39,5% du capital social qu’ils détenaient dans le projet. Et c’est justement pour marquer sa présence dans le projet qu’une mission de reconnaissance des lieux de la SNI, dirigée par son directeur général adjoint, Ambroise Ondoa Onana, a séjourné à Lomié du 7 au 9 juillet dernier. Accompagnée par les autorités administratives locales dont le sous-préfet de Lomié, la mission SNI a visité l’ensemble des services et des installations techniques du projet, et a vérifié que la réalité du terrain est bien conforme aux informations présentées dans les documents du projet qui devrait rapporter à l’Etat un minimum d’environ 7,8 milliards de FCFA et 55 millions de FCFA par an dans le PIB ainsi que 300 emplois directs pendant la durée du projet.

Le projet cobalt-nickel de Lomié est l’œuvre de Geovic Cameroon S.A., une société anonyme de droit camerounais dont le capital social est détenu par des investisseurs américains (60,5%), un groupe d’actionnaires privés camerounais (19,5% actuellement portées par la SNI) et la Société nationale d’investissement du Cameroun (20%). Seulement au-delà des espoirs suscités, le projet présente des risques que l’étude d’impact environnemental présentés en juin dernier. Car l’exploitation minière de Nkamouna nécessitera l’utilisation des méthodes d’extraction à ciel ouvert. L’exploitation de chaque puits, de 400m de long et 150M de large durera 180 jours. Au début, environ 30 hectares seront perturbés chaque année pour une production de 7000 tonnes sèches par jour de minerai et 11000 tonnes sèches par jour de résidus et de minerai en faible teneur.

2- Le projet de Nkamouna n’est pas sans risque

Les études environnementales menées sur l’état actuel de l’environnement de la zone du projet de Nkamouna sont formelles : le projet se situe dans une zone de forêt tropicale qui a fait l’objet d’une exploitation en 1989. Seulement la flore, comme dans toute la province de l’Est est diversifiée. Les plantes utilisées à des fins médicales sont courantes. Du fait du projet futur, une essence est gravement menacée, cinq en danger et 15 autres classées vulnérables ont été, outre deux essences protégées par la législation camerounaise, identifiées dans la zone de Nkamouna.

De nombreux poissons, amphibiens, reptiles et mammifères présentes dans la zone sont également affectés par le projet parmi lesquels 14 espèces de mammifères considérées comme menacées ou vulnérables par l’Uicn, la convention sur le commerce international des espèces menacées et le gouvernement camerounais. L’étude d’impact environnemental menée sur le terrain a également identifié plusieurs impacts environnementaux et sociaux éventuels sur les environnementaux récepteurs divers dont la biodiversité de la flore et de la faune, la qualité de l’air et de l’eau et le milieu social. Par ordre d’importance, il s’agit des impacts sur la flore et la faune du fait des perturbations sur le terrain, de la forte pression sur la flore et la faune due à l’afflux des populations à la recherche d’un travail et mouvements migratoires, les impacts sur les sources de revenus et de l’alimentation dus à la déplétion des ressources forestières et l’afflux des populations, de l’émission des gaz à effet de serre du fait de la combustion du bois, et des impacts sur la qualité des ressources en eau. En sus, les enquêtes ont révélé que des problèmes pourraient survenir pendant la gestion des stériles et des résidus de traitement.

En effet, environ 86% de terrains morts et stériles seront utilisés pour combler 91% de la surface à exploiter. Les précipités de manganèse, sauf s’ils sont traités autrement ou vendus, combleront 6% de la zone exploitée et les résidus à grain moyen de l’Unité d’amélioration physique combleront les 3% restants. En somme, les projets d’exploitation minière affectent les valeurs en ressources sociales et environnementales. L’EIES les a bien décrits en prenant le soin de présenter des mesures correctives nécessaires pour prévenir ou atténuer lesdits impacts.

3- Le plan de sauvetage de Géovic

Lors de la présentation de l’évaluation environnementale et sociale du projet de Nkamouna, Geovic Cameroon n’a pas fait dans la dentelle. La multinationale a défini les mesures de gestion, d’atténuation, de suivi et institutionnelles qui peuvent permettre d’éliminer, de compenser ou de réduire les impacts environnementaux et sociaux du projet à des niveaux acceptables (sic). Geovic affirme vouloir mettre en œuvre deux politiques essentielles définies au sommet de la société : la politique environnementale, sociale, de santé et de sécurité, « pour mener les activités de manière responsable afin de protéger et de permettre l’épanouissement de notre personnel tout en protégeant l’environnement et les communautés riveraines ». La politique de développement communautaire, pour contribuer de manière durable au développement physique et économique des communautés riveraines et réduire leur dépendance économique vis-à-vis de Geocam.

Ici, l’organisation parle d’un projet qui sera géré grâce à un système mettant en œuvre la supervision au niveau de l’entreprise, du site, du personnel. Pour ce faire, le conseil d’administration et la direction de Geocam désigneront des responsables expérimentés aux postes clés. Ceux-ci seront chargés de réaliser ou dépasser les objectifs définis dans les deux politiques ; respecter les lois et règlements locaux, nationaux, et les politiques et directives des institutions financières internationales ; veiller à ce que les activités de gestion environnementale et sociale nécessaires soient menées et préservées et rendre compte de l’efficacité de ces activités à la direction générale et au conseil d’administration de Geocam pour étude et action éventuelle.

Dans ce sens, le Directeur général sera responsable de la gestion de tous les employés et des activités du projet de Nkamouna. Geocam entend en plus désigner comme directeur de l’environnement, de la santé et de la sécurité, un professionnel qualifié jouissant d’une réputation internationale. Parce que la mise en œuvre du projet de Nkamouna touchera 990 hectares de forêt pendant les 21 années d’exploitation de la mine. Période pendant laquelle, les ressources minières de la zone minière ne seront pas accessibles aux riverains.

Geocam indique en outre dans son plan de réhabilitation de la mine fermée, une réhabilitation concomitante des zones affectées, réduisant ainsi les perturbations annuelles et annonce que les essences végétales les plus utilisées et à forte valeur nutritive seront prioritairement replantées lors de la réhabilitation. Et au fur et à mesure de l’exploitation, les mines seront remblayées en même temps que s’effectueront les travaux de restitution du couvert végétal et de stabilisation des surfaces réhabilitées.

En quelques mots, il est question d’un plan de gestion des déchets, d’un plan d’intervention d’urgence, d’un plan de réhabilitation et de fermeture de la mine, d’un plan de développement communautaire et des populations indigènes, et d’un plan de consultations publiques pavés de bonnes intentions. Mais, il faudrait encore que ceux-ci se traduisent dans les faits pour prévenir ou minimiser les impacts du projet.





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