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Non, les Comoriens ne sont pas des clandestins chez eux

29 mars 2005


Le lundi 7 mars 2005, une embarcation de fortune a quitté Anjouan (Ndzuwani) à destinatin de Mayotte (Maoré). Voulant fuir une embarcation de la gendarmerie française, le kwasa-kwasa chavire. Bilan : 36 morts et disparus. C’est un carnage de plus dans cette partie des eaux comoriennes devenues au fil de temps un véritable cimetière pour les Comoriens qui osent braver les barrières du ’visa Balladur’ imposé aux Comoriens des trois îles de l’archipel.

Les Comores sont en deuil. Le lundi 7 mars 2005, une embarcation de fortune (Kwasa Kwasa) avec à bord 43 passagers, a quitté Anjouan (Ndzuwani) dans l’après-midi à destinatin de Mayotte (Maoré). Près des côtes maoraises, une patrouille de l’armée française prend en chasse le kwasa-kwasa. Voulant fuir une embarcation de la gendarmerie française, le kwasa-kwasa chavire. Bilan : 36 morts et disparus. Seuls 7 rescapés et 4 corps retrouvés sont ‘rapatriés’ à Anjouan (Ndzuwani). La responsabilité des gardes côtes français qui seraient à l’origine de ce drame est à établir. Le crime de non-assistance à personnes en danger n’est pas à écarter.

C’est un carnage de plus dans cette partie des eaux comoriennes (la distance séparant Mayotte d’Anjouan ne dépasse pas 75 km) devenues au fil de temps un véritable cimetière pour les Comoriens qui osent braver les barrières du « visa Balladur » imposé aux Comoriens des trois îles de l’archipel (Anjouan, Mohéli et Grande-Comore) pour entrer à Mayotte, cette île comorienne sous occupation française depuis 1975, année de l’accession du pays à l’indépendance. Dans cette région de l’Océan indien occidental, ce n’est pas le Tsunami qui tue, mais une variante du Mur de Berlin « construit » par notre ancienne puissance coloniale et qui tue plusieurs milliers de citoyens comoriens depuis 20 ans.

Ces drames à répétition sont le résultat d’une violation flagrante du droit international par la République française qui, par des simulacres de référendums, s’est maintenue illégalement en territoire comorien de Mayotte. En effet, près de vingt cinq résolutions des Nations Unies condamnent la présence française à Mayotte. Mais au mépris du droit international et du peuple comorien, la France refuse systématiquement depuis trente ans de se soumettre aux exigences de la communauté internationale. Voici ce que stipule une de ces résolutions de l’ONU (n°31/4 du 21/10/76) :

«  1. condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisé dans l’île comorienne de Mayotte par le gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus, et rejette :

- toute autre forme de référendum ou consultation qui pourrait être organisée ultérieurement en territoire comorien de Mayotte.

- toute législation étrangère tendant à légaliser une quelconque présence coloniale française en territoire comorien de Mayotte.

2. condamne énergiquement la présence française à Mayotte qui constitue une violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores ».

Selon la presse locale et les organisations humanitaires de la sous-région, les victimes de ces naufrages se comptent désormais en milliers (entre 3 000 et 4 000 victimes).

La circulation des personnes et des biens à l’intérieur des îles des Comores est compromise par ce visa. Ce doit élémentaire inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen - « (...) Toute persone a le droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays » (Art 13 de dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies) - est privé au peuple comorien par la République française qui s’est arrogée le droit de réglementer la circulation des Comoriens à l’intérieur de leur pays. Qui est le Français qui trouverait normal qu’un gouvernement étranger exige un visa à un marseillais qui souhaite se rendre en Corse ? Inimaginable scénario ! C’est pourtant ce que la France impose aux Comoriens.

Ce visa français transforme de fait les Comoriens en « clandestins » chez eux. C’est inacceptable !

Non, les Comoriens ne sont pas des clandestins chez eux.

Pour toutes ces raisons, les signataires exigent :

- l’ouverture d’une enquête judiciaire pour identifier et juger les coupables de ce drame ;

- l’abrogation inconditionnelle du visa Balladur et permettre ainsi la circulation des biens et des personnes à l’intérieur de l’archipel

- le respect des résolutions des Nations Unies par la France.




Signataires : DIASCOM - SOS DEMOCRATIE COMORES - GRITAC (Groupe de Réflexion pour l’Intégrité Territoriale de l’Archipel des Comores) - GAC (Guilde des Artistes comoriens) - ACDH (Association Comorienne des Droits de l’homme) - Survie France - L’ASECF (Association de solidarité et d’entraide des Comoriens de France)



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