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M. Estrosi, casque d’or du colonialiste de l’année

25 février 2008
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Ce vendredi 22 février à Paris, lors du Banquet de la Semaine Anticoloniale (2ème édition, organisée et parrainée par une centaine d’organisations françaises et internationales), le casque d’or colonial a été décerné à Christian Estrosi, Secrétaire d’Etat à l’Outre Mer. Un trophée bien mérité en rapport avec l’actualité en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte. En effet, c’est à quelques heures de ce Banquet, que le Secrétaire d’Etat a choisi d’annoncer les prochaines mesures racistes, coloniales et xénophobes contre une population administrée par la France : Mayotte.

Ce projet de remise en cause du droit du sol à Mayotte, par « une décision exceptionnelle », en précisant qu’il s’agit « d’expérimentation ». Il reprend le flambeau de son prédécesseur François Baroin, qui a fait la même déclaration en septembre 2005. Pourtant, ce dernier avait alors suscité une vague d’indignation, en outre mer comme en métropole. Pourquoi ce droit inscrit dans le code civil français (Art. 30.2 et 2288) ne serait pas applicable dans les territoires sous administration française ?

Christian Estrosi est bien dans le sillage colonial de Nicolas Sarkozy qui, déjà en 2006 en tant que ministre de l’intérieur, avait utilisé Mayotte comme laboratoire d’expérimentation, en fixant le quota des expulsions dans l’île comorienne de Mayotte à 12000. Chiffres atteint 16000 comoriens expulsés chez eux, soit (soit 50 expulsés par jour sur une population totale de 200 000 habitants !). Mais le but ultime du secrétaire d’Etat était d’annoncer « le référendum » menant à la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte, qui serait programmé pour 2008 ! En promettant aux Comoriens « […] la grande politique de coopération et de co-développement », contre l’intégrité de leur territoire.

Nous, signataires de cette déclaration, mettons en garde les autorités comoriennes contre ce chantage à la coopération de duperie, dont le seul but est d’amener les Comoriens à renoncer à leur souveraineté sur Mayotte ! La seule issue pour un développement harmonieux de Mayotte aux côtés des îles sœurs est dans le respect des résolutions de l’ONU qui prévoient le retour de Mayotte dans l’ensemble comorien (résolution 3583 du 12 novembre 1975), puis dans des rapports de coopération sincères entre la région de l’océan indien et les autres régions du Monde.

En Nouvelle-Calédonie, la répression anti-syndicale à l’encontre de l’Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités (USTKE), a toutes les caractéristiques d’une répression coloniale. L’envoi des forces de l’ordre contre un piquet de grève et la violence qui s’en est suivie pour réprimer une manifestation pacifique marquaient la volonté de l’Etat français de faire plier le seul syndicat qui s’engage sur le terrain à la fois social et politique avec un projet indépendantiste.

Déjà en octobre 2007, Alban Bensa [1] parlait de « retour du syndrome colonial » et écrivait dans Politis [2] à propos de la visite du ministre en Nouvelle-Calédonie : « Pour toute analyse de la situation calédonienne, Christian Estrosi n’a cessé de répéter à la cantonade qu’avant tout la Nouvelle-Calédonie devait rester française. Multipliant les invectives et les rodomontades à l’encontre de toute la classe politique calédonienne, le ministre a brillé par sa méconnaissance totale du dossier, au point d’inquiéter vivement tous les partenaires de l’accord de Nouméa (signé en 1998) quant à la politique que la République entend mener en Nouvelle-Calédonie […] Le séjour tonitruant du ministre de l’Outre-Mer en Nouvelle-Calédonie, loin d’être un épiphénomène, nous révèle la face la plus sombre du sarkozysme, celle qui unit la droite et l’extrême droite, dans un bonapartisme autoritaire qui n’entend rien aux droits des peuples à l’autodétermination et veut imposer aux réalités locales de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique une logique française à sens unique. »

Ensemble dans la solidarité des peuples opprimés, nous lançons un appel à toutes les organisations anticolonialistes, à toutes les personnes attachées aux valeurs de liberté et de démocratie, à soutenir la juste lutte de nos peuples colonisés, pour leur droit à l’auto-détermination.

Collectif des Associations et des Amis des Comores (CAAC-Comores)

Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités (USTKE)

Paris, ce 25 février 2008.




[1] directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

[2] voir l’article : http://www.politis.fr/Nouvelle-Caledonie-le-retour-du,2179.html.





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