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Résolutions de la Conférence Nationale Unique (CNU) - 4 juin 2005


Voir également :


Dette : Dette des pays pauvres : la trahison du FMI


Site(s) web :

Consortium de Solidarité avec Madagascar :

Résolutions adoptées par le IXe congrès de la FISEMA

2 mai 2005
-


La FI.SE.MA (Firaisan’ny Sendikan’ny Mpiasan’i Madagasikara - Confédération générale des syndicats des travailleurs de Madagascar) tenait son IXe congrès les 22 et 23 avril 2005 à Antananarivo. Les 250 délégués présents, venant de toutes les régions de l’île, ont adopté les résolutions suivantes.

Nous, délégués des travailleurs, des différentes branches professionnelles et représentations régionales de la FI.SE.MA dans tout Madagascar, ayant participé, le 22 et 23 Avril 2005, au 9ème congrès statutaire de la FI.SE.MA. tenu au Centre Socio Culturel d’Ambohimanarina -Antananarivo,

Après avoir discuté et analysé la situation nationale, notamment les volets économique et social, et la répercussion de la mondialisation sur la vie nationale ;

Après avoir examiné le monde du travail, le mouvement syndical malgache en général et la FI.SE.MA. en particulier,

Adoptent les résolutions suivantes :

Préambule

La lutte populaire de nombreux mois en 2001-2002, à laquelle ont participé massivement les travailleurs, a permis de confier à Monsieur Marc Ravalomanana la Magistrature suprême du pays.

En effet, ayant marre du régime despotique du pouvoir précédent, les travailleurs, et la populations en général, avaient soutenu le nouveau candidat présidentiel, sachant pertinemment qu’aucun programme économique et de développement social, ni projet de société ne leurs étaient proposés. Ils ont fait confiance uniquement aux promesses du candidat.

Arrivé au pouvoir et faute de stratégie et programmes précis, le nouveau Président n’a fait que se plier au programme contenu dans le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, dicté par le F.M.I. et la Banque Mondiale et qui n’est autre que le prolongement du Programme d’Ajustement Structurel ayant appauvri le pays au cours des deux dernières décennies.

Or, nul n’ignore les conséquences néfastes du P.A.S. Celui-ci prévoyait de remplacer le système pseudo-sosialisme par un capitalisme sauvage : désengagement obligatoire de l’Etat dans la production, bradage des patrimoines nationaux, ayant ruiné l’économie nationale et provoqué un appauvrissement massif de la population (plus de 75 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté).

Si le pays espérait que le nouveau pouvoir va « gommer » les vestiges et les déboires du régime précédent, eu égard aux promesses tant vantées, c’est l’effet contraire qui s’est produit avec le retour en force de la pauvreté dû à une politique financière et économique irréfléchie.

La détaxation, dont le principal objectif est d’enrichir les nantis et non la masse laborieuse, n’a fait qu’accélérer la descente en enfer de la monnaie nationale, et par voie de conséquence, a entériné le déséquilibre du balance de paiement et la dégradation du pouvoir d’achat de la population tant urbaine que rurale.

A noter que le déséquilibre de la balance commerciale ne date pas d’aujourd’hui ; depuis toujours, les exportations n’ont pu couvrir les importations, que le pays a toujours subi des dégâts climatiques, mais c’est seulement aujourd’hui que situation est foncièrement intenable.

Le peuple malgache se trouve ainsi coincé dans la pauvreté ; le taux officiel de l’inflation de 29,2% touchant principalement les denrées alimentaires, dont le riz, ne donne pas assez de marge de manœuvre aux ménages.

De l’autre côté, l’Etat n’ose pas publier officiellement l’évolution de la pauvreté. Toutefois, la baisse du taux de croissance, passant de 9,8% en 2003 à 5,3% en 2004, traduit beaucoup de choses.

Aussi,

Sur le plan économique

1. Le Congrès demande l’institution de la COMMISSION ECONOMIQUE ET SOCIALE au sein de laquelle siègeront les organisations syndicales les plus représentatives. Cette Commission élaborera le plan de développement économique et social et fixera les voies et moyens de sa réalisation. Il demande également l’intégration des organisations syndicales les plus représentatives au sein du Sénat.

2. Le Congrès revendique l’arrêt définitif des programmes de désengagement de l’Etat, notamment dans les sociétés nationales JI.RA.MA et AIR MADAGASCAR. sans pour autant relâcher les efforts d’assainissement et de redressement de leurs gestions. Pour ce faire, la mise en place d’un système de gestion démocratique, avec la participation des syndicats et des consommateurs, s’avère nécessaire.

3. Le « Partenariat Privé-Public » doit permettre et faciliter la création de joint-ventures capables de créer des emplois, d’exploiter rationnellement les ressources du pays et de diminuer les importations.

4. Le Congrès réitère la revendication de la FI.SE.MA. sur la révision du contenu du D.S.R.P. et son adaptation au contexte réel de la lutte contre la pauvreté à Madagascar. En effet, aucun programme concret et précis de création d’emploi n’y est tracé si bien que la question se pose comment lutter efficacement contre la pauvreté dans de tel contexte. D’autant plus, que selon les enquêtes, environ 500 000 jeunes garçons et filles, diplômés ou non, arrivent annuellement sur le marché du travail et que 60 % de la population active travaillent peu ou sans emplois.

5. Le Congrès revendique plus de transparence dans l’affectation et l’utilisation des fonds dégagés par l’effacement des dettes. Il est prévu que 65% des encours effacés serviront à l’amélioration de la santé et l’éducation publiques. Le Congrès estime que les 35% devraient être affectés aux investissements ruraux, permettant de créer des emplois pérennes aux salaires décents.

6. De même, la gestion et l’utilisation des fonds affectés à la lutte contre le VIH-SIDA et ceux obtenus dans le cadre des « Objectifs du Millénaire » doivent se faire en toute transparence. La FI.SE.MA. insiste à ce que ces fonds serviraient aux grands travaux d’investissement qu’ils soient ruraux ou urbains, afin de résorber le chômage, une des priorités majeures du pays.

7. Le Congrès constate que la crise qui frappe actuellement l’Education Nationale ne date pas d’aujourd’hui. Les revendications et les grèves quasi permanentes au cours de ces dernières décennies en sont les preuves. Par ailleurs, l’augmentation des jeunes bacheliers et diplômés de l’enseignement supérieur, sans emplois, atteste l’inadéquation de l’enseignement au besoin du pays. Aussi, les fonds obtenus de l’effacement de dettes doivent-il permettre de procéder aux reformes de l’Education et de l’Enseignement, requises par les besoins nationaux.

8. Comme la crise de l’éducation nationale n’est pas conjoncturelle et requiert une grande réforme en profondeur, la FI.SE.MA. propose la tenue d’une concertation très élargie de toutes les parties prenantes, y compris celle touchant la formation technique et professionnelle.

9. Eu égard à la vocation agricole de Madagascar, l’implantation de lycées et de collèges agricoles dans les régions doit figurer parmi les priorités nationales. Cela permet, entre autres, de freiner l’exode rurale amplifiée, ces derniers temps, par la création des entreprises franches.

10. Devant l’insuffisance chronique de la production rizicole du pays, la FI.SE.MA déplore et s’inquiète de l’insouciance et de l’inertie de l’Etat. En effet, bien que celui-ci inclue le développement rural parmi ses priorités, le budget y alloué pour l’exercice 2005 ne représente que 12% du budget global ; ce qui rend perplexe l’atteinte des objectifs. Néanmoins, la FI.SE.MA espère que l’obtention de crédit de 100 Millions de $ du Millenium Challenge Account devrait intensifier les actions à entreprendre en milieu rural.

11. Quoi qu’il en soit, et quel que soit le retard enregistré dans la production agricole, la FI.SE.MA conteste l’introduction, la vulgarisation et l’utilisation de l’Organisme Génétiquement Modifié dans tout Madagascar ; non seulement, l’O.G.M. pourrait altérer les semences naturelles, mais il pourrait aussi porter atteinte à la santé des personnes.

12. Le CongrèsS encourage l’Etat à déployer encore plus d’effort dans le maintien de la sécurité publique car
- En brousse, non seulement, les actes perpétrés par les dahalo dissuadent les paysans à produire plus, mais ils accélèrent également leur faillite totale.
- En ville, les malfaiteurs et les grands bandits n’affichent plus aucune crainte, vu la qualité d’armes en leurs possessions. Cette insécurité permanente constitue, entre autres, l’une des principales entraves à la venue des investisseurs étrangers et freinent le développement économique du pays.

13. Face à la pauvreté profonde sévissant la population, et malgré la compression de 10% du budget de fonctionnement de l’Etat, la FI.SE.MA. proteste les dépenses exagérées de l’Exécutif, en particulier la Présidence. La « Bonne Gouvernance » signifie aussi rationalité et austérité.

14. La FI.SE.MA. craint que l’intégration de Madagascar au sein de la CO.ME.SA. et du S.A.D.C. ne soit pas bénéfique à la population, vu la qualité actuelle de la gestion de la politique économique de Madagascar. Aussi, la FI.SE.MA. demande à l’Etat de convoquer une Conférence Nationale sur le Développement Economique et Sociale en vue adopter la conduite à tenir dans ces intégrations et face à la mondialisation. Cette Conférence nationale doit rassembler toutes les forces vives les plus représentatives de Madagascar.

Sur le plan social

15. Comme annoncé ci-dessus, Il est réservé 65% du fonds obtenus de l’annulation des dettes pour le volet social, en particulier l’Education et la Santé publique.
- Pour la FI.SE.MA , la fourniture d’eau potable aux populations de toutes les régions, surtout les plus reculées, figure parmi les priorités que l’Etat doit s’atteler.
- De même, en ce qui concerne la fourniture de soins gratuits aux populations. Si, pour certaines catégories de population, participation il y a, elle serait progressive, en fonction des revenus familiaux.

Selon le rapport de l’UNICEF, 6 339 168 des enfants vivent dans la pauvreté totale ; 500 000 sont malnutris ; 40% des enfants de moins de 5ans sont sous-alimentés et 3 617 000 sans accès aux soins de base.

Eu égard aux coûts actuels des denrées alimentaires, notamment le riz, d’un côté et de l’autre, la faiblesse du pouvoir d’achat de la population, ces chiffres risquent d’augmenter ; ce qui n’est qu’une honte de la Nation. Aussi le Congrès interpelle l’Etat de trouver rapidement des solutions visant à ajuster le pouvoir d’achat avec le coût de la vie.

D’autre part, la faiblesse du pouvoir achat des parents (pauvres) handicapent les actions contre l’abolition du travail des enfants.

16. Au vu du taux élevé d’analphabétisme (48%) et de l’illettrisme qui entrave le développement économique et l’épanouissement des travailleurs, le Congrès estime qu’il est temps que l’Etat redéfinit un programme de lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme dans le cadre de la formation professionnelle (alphabétisation fonctionnelle).

17. En complément de ces actions, la FI.SE.MA. recommande l’Etat d’élaborer des programmes de logements sociaux. En effet, elle estime que sans un logement convenable, tout effort d’éducation et de fourniture de soins sanitaire risque de s’anéantir.

18. Les travailleurs déflatés des sociétés privatisées (Entreprises commerciales, Banques, SOLIMA, RNCFM ....) ainsi que leurs familles vivent actuellement dans des conditions très précaires du fait du non respect par l’Etat de son engagement envers eux, dans le cadre de la réalisation des plans sociaux. Le Congrès exige de l’Etat le respect de ses engagements et la transparence dans ses actions, notamment dans les règlements des différents droits et l’octroi de fonds pour la création d’entreprise.

Du monde du travail

Administration et Politique de l’Emploi.

19. Le Congrès a remarqué que les gouvernements successifs n’ont disposé d’une politique claire et précise sur le monde du travail, tant de la fonction publique que du secteur privé. On procède à l’éclatement du ministère ou on regroupe des départements, selon les grés des dirigeants. Le budget demeure cependant dérisoire, qu’il soit éclaté ou regroupé.

Devant cet état de chose, la FI.SE.MA. avance les propositions suivantes :
- Rattacher le département « Emploi - création/promotion » soit au ministère de l’Economie, soit au ministère chargé de l’industrialisation et/ou du développement du secteur privé ;
- Le Ministère du Travail et des Lois sociales se charge uniquement des relations professionnelles et de la protection sociale,
- Les fonctionnaires sont gérés par leur ministère employeur respectif, l’application du Statut Général et des statuts particuliers étant confiée à une Commission interministériel.

20. Le récent atelier sur les Entreprises Franches révèle l’insuffisance du nombre des Inspecteurs du Travail et que parmi ces derniers, certains sont corrompus. Le Congrès demande l’augmentation du nombre des Inspecteurs du Travail ainsi que l’amélioration et/ou la dotation de moyens pour leur permettre d’assumer convenablement leur responsabilité.

21. La violation des droits humains dans les milieux de travail persiste toujours tant que le système d’inspection et celui du tribunal de travail ne change. Des employeurs - dans la plupart des cas, étrangers - battent et dévalorisent culturellement des employés, alors que les procès traînent pour des raisons qu’on ne sait pas trop ; pis des dossiers sont même classés sans suite. Le Congrès demande ainsi l’Etat de s’inspirer des expériences des autres pays, en matière du tribunal de travail, à l’instar du Prud’homme français.

22. Ces temps-ci, des syndicalistes et des organisations syndicales font l’objet d’intimidations et de dissuasions dans l’exercice de leurs activités. Tel est le cas des Délégués du Personnel licenciés collectivement et du Secrétaire Général de l’Union Local de la FI.SE.MA. Antsirabe, emprisonné pour diffamation. La FI.SE.MA. revendique la dépénalisation des activités syndicales exercées dans le respect des réglementations en vigueur d’une part et d’autre part la ratification par le Gouvernement de Madagascar de la Convention Internationale du Travail n°105 relative à l’abolition du travail forcé

Dialogue social - Tripartisme

23. Le Congrès apprécie et soutient un dialogue social franc, sincère et régi par un cadre règlementaire clair. L’on note cependant que certaines structures, telles que le Conseil National de l’Emploi et le Conseil Supérieur de la Fonction Publique, ne sont que de façade, et sont instrumentalisés pour servir des intérêts partisans.

Le Congrès met en garde l’Administration que, pour l’efficacité des structures tripartites, du dialogue social et la préservation de la paix social, les dispositions légales régissant ces structures doivent être respectées scrupuleusement.

Pouvoir d’Achat et Salaire

24. LA FI.SE.MA. persiste que les énergies dépensées dans la production doivent toujours être renouvelées, quelles que soient les conditions économiques et sociales. Pour cela, l’établissement d’un budget type et sa mise à jour sont plus que nécessaires. De ce budget type doit partir la détermination du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti. Le Congrès demande ainsi à ce que la commission « Pouvoir d’Achat & Salaire » du Conseil national de l’Emploi se réunisse dans les plus brefs délais afin de déterminer ce budget-type.

25. Le Congrès condamne les manœuvres dilatoires de l’Etat visant à retarder l’application des accords salariaux entres les partenaires sociaux et déjà approuvée par le Conseil National du Travail.

26. Le Congrès déplore également l’obstruction de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire Internationale concernant le relèvement de salaires décidé par les partenaires sociaux. Ces deux institutions et l’Etat ne sont pas sans savoir que les investisseurs étrangers sont découragés plutôt par les coûts élevés de l’énergies et du loyer foncier, par l’insécurité, par la cotation défavorable des agences étrangères sur l’environnement économique du pays, par la corruption et non par le coût de la main d’œuvre.

Pour qu’il y ait effectivement la transparence dans la gestion du pays et savoir l’éventail de salaires entre les gouvernants et les gouvernés, le CONGRES requiert l’Etat de faire connaître aux citoyens les salaires et avantages de tous les hauts responsables des diverses institutions ; ce, afin de démontrer si tout le monde serre la ceinture ensemble et vit dans l’austérité. Il est en effet inadmissible que la majorité des citoyens croule dans la pauvreté alors que ses dirigeants mènent une vie somptueuse avec l’argent des contribuables et des fonds empruntés en leur nom.

Protection sociale

27. Le Congrès approuve les efforts déployés par l’OSIE et la CNAPS au cours de leurs cinquante années d’activité en faveur des travailleurs. Malgré toutefois ces 50 années d’expériences, aucune innovation ni réforme majeure n’est engagée afin de mieux répondre aux besoins les adhérents. En ce moment où Madagascar entre dans une phase d’industrialisation nécessitant une véritable institution de sécurité sociale, la FI.SE.MA. demande l’Etat de procéder à la mise en place d’un nouveau système de sécurité sociale, partant avec les organismes déjà existants : CNAPS, OSIE, AMIT et les autres centres médicaux des grandes entreprises.

Coopération syndicale

28. Le Congrès salue les efforts de rapprochement et de coopérations des différentes centrales syndicales. Malgré les obstacles fragilisant ces coopérations, la FI.SE.MA. note une certaine maturité de la coopération syndicale qu’elle espère tendre vers la création d’une Grande Confédération.

LE Congrès annonce solennellement la disponibilité de la FI.SE.MA. d’intégrer les syndicats qui veulent la rejoindre et sa volonté d’entamer des négociations en vue d’une éventuelle fusion.

29. Le Congrès déplore les actes tendant à fragiliser la solidarité syndicale et les intimidations de toutes sortes telles que les affectations disciplinaires, les licenciements des délégués du personnel et l’emprisonnement des dirigeants et militants syndicaux.

Syndicalisme International et paix mondiale

30. Le Congrès loue et soutient les efforts de la coopération syndicale mondiale en vue de promouvoir les conditions et les droits au travail. Il estime qu’une paix durable ne serait préservée sans un respect de la dignité de la personne et des droits humains, et sans une répartition juste de la production mondiale.

31. Le Congrès félicite toutes les initiatives visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion ainsi que la promotion d’un travail décent : les forum social de Porto Allegre, de Seattle, les initiatives des Présidents Chirac et Lula, les travaux de la « Commission mondiale sur la Dimension Sociale de la Mondialisation », l’Action Mondiale contre la Pauvreté. En attendant l’effectivité des différentes résolutions issues de ces initiatives, le CONGRES réitère les revendications de la FI.SE.MA. à savoir :
- L’application effective de la résolution de l’O.N.U relative à l’Aide Publique au Développement ;
- L’Annulation totale et sans quelconque condition des dettes des pays pauvres dont Madagascar.

32. Le Congrès mandate le Bureau National pour étudier et décider au nom de la FI.SE.MA son affiliation au sein d’une Confédération Internationale répondant au mieux à ses aspirations.

33. La paix mondiale étant l’un des piliers du développement social, le Congrès désapprouve toute tentative de la déstabiliser, non seulement le terrorisme international mais également toute ingérence étatique et pression - sous prétexte de la lutte contre le terrorisme - visant à dominer et contrôler la politique étrangère d’un pays indépendant comme ce qui se passe actuellement en Irak.

34. Le congrès donne Quitus à la gestion du Bureau National Sortant, malgré les difficultés qu’il a du affronté, dans la conduite des luttes ouvrières.




Discours du Camarade Razakanaivo, secrétaire général sortant de la FI.SE.MA., à l’occasion du Ixe congrès de l’organisation

Mesdames et Messieurs,

Camarades,

12 ans après notre dernier congrès, nous voici, réunis pour tenir notre IX° Congrès. Nombreuses sont les raisons qui expliquent ce retard, - à partir desquelles nous devrions d’ailleurs tirer des leçons -, mais je n’en cite que deux : d’abord, le contexte difficile qu’a traversé notre pays durant cette période, et deuxièment, la FI.SE.MA., et le syndicalisme malgache en général, a passé une crise profonde face à cette évolution de la situation nationale.

Néanmoins, malgré ces difficultés, tous les dirigeants de la FI.SE.MA., à tous les échelons, ont continué à assumer leurs responsabilités respectives. Aussi, même si la FI.SE.MA. est le syndicat le plus cher, en matière de cotisation, nous nous positionnons en seconde , sinon en première place, dans le rang de la représentativité syndicale à travers les nombres de délégués élus sur le plan national. L’insuffisance de la formation syndicale au sein de notre organisation n’a pas trop modifié notre position sur l’échiquier syndical.

Pour en illustrer, notre branche Textille-Zone France a pu déclencher des grèves et manifestations, suivies par plus de 30 000 travailleurs, au début de l’année 1998, pour revendiquer une amélioration du pouvoir d’achat et protester les illégalités et les traitements inhumains vécus dans ces entreprises franches.

L’une des grandes réalisations de notre organisation est également l’acquisition - par notre propre effort d’épargne - de notre Siège Social à Isotry. Elle nous a permis d’alléger notre charge locative qui a grevé notre budget, dans les années 96 - 98.

Aussi, nous félicitons-nous d’avoir pu convoquer ce Congrès, en ce moment où les travailleurs et la population en général traversent et endurent une profonde crise sociale. Ce congrès est tenu à point nommé pour nous permettre de faire connaître nos avis face à ces diverses difficultés, de proposer des solutions, de formuler nos revendications et de définir les voies et moyens pour les satisfaire, surtout en ce moment où les effets de la mondialisation minent les travailleurs et la population.

Mesdames et Messieurs ;

Camarades ;

D’abord, nous aimerions faire remarquer que la FI.SE.MA. n’a jamais entretenu, jusqu’à présent, une quelconque relation avec les tenants du pouvoir successifs. Elle a jugé le pouvoir sur les mesures prises et les actions menées en faveur des travailleurs et de la population et non sur sa ligne ou son idéologie politique.

La FI.SE.MA. a su garder la démarcation des affaires politiques et syndicales, dans ses relations avec les autres organisations aussi bien politiques que sociales, de sorte que la FI.SE.MA prend position après analyse réaliste des situations et leurs conséquences sur les intérêts des travailleurs.

Ainsi, si ce congrès va discuter la vie nationale, en général, et le monde du travail, en particulier, ces principes nous serviront de base et de guide.

L’ampleur des difficultés économiques et sociales qui sévissent actuellement notre pays nous rend profondément perplexe. Nous nous posons la question pourquoi le peuple malgache se trouve dans une pareille situation, alors que c’est une population audacieuse, laborieuse, croyante ; par ailleurs, elle dispose d’une condition naturelle et environnementale très favorable et amplement suffisant pour son développement : sol fertile, pluie suffisante, tout ce qu’on veut planter pousse ici sans problème ; sous-sol riche et diversifié.

Nos dirigeants successifs ont cependant, maintes fois, imputé leurs contre-performances aux conditions climatiques et au contexte mondial : hausse du prix du pétrole, du riz,... remboursements de dettes, la hausse du cours des devises .... En partie, c’est fondé et vrai. Mais nos dirigeants n’ont jamais aussi osé reconnaître leurs erreurs de gestion : comme la détaxation qui explique largement la dépréciation de notre monnaie et, partant, la dégradation de notre niveau de vie.

Devant de telle dégradation, les travailleurs et la population ont toujours protesté. Toutefois ce qui est surprenant, c’est que ceux qui accèdent (et ceux qui ont l’intention d’accéder) au pouvoir ne tiennent pas compte des expériences de leurs prédécesseurs, et semblent ne pas comprendre les enseignements du passé. Au cours de ces trente dernières années, le peuple et les travailleurs ont, trois fois, mené des luttes difficiles et de longue haleine pour le changement. Des sangs ont même été versés. Effectivement, le régime a changé ; mais la vie nationale, au contraire, n’a guère connu une évolution positive ; elle est encore pire par rapport à la situation précédente. Les données statistiques et les réalités quotidiennes en attestent. C’est la raison pour laquelle la FI.SE.MA. se demande si nos dirigeants savent vraiment tirer des leçons du passé, car tôt ou tard, le peuple n’accepterait jamais de telles erreurs.

La première lutte populaire, en 1972, a pour but de protester le néo-colonialisme. 30 ans après, l’on remarque avec répugnance et honte que le pays est encore maintenant plus colonisé qu’à cette époque. Actuellement, nos dirigeants osent rechigner à décréter l’application des conventions passées entre les groupements patronaux et les syndicats des travailleurs relatives au relèvement le salaire minimum, en Septembre dernier, car le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale y font objection. Chose curieuse et inacceptable également, l’ingérence de ces derniers dans les affaires internes d’un Etat souverain.

Autre problème qu’il faut aussi débattre et que nous, dirigeants syndicaux, ne devrions pas en avoir honte car c’est une réalité : c’est que le syndicalisme malgache est si faible et n’a aucune influence auprès des groupements patronaux et du gouvernement, compte tenu de son émiettement et de son isolement. Ceci étant les principales caractéristiques du syndicalisme malgache. Presque les branches professionnelles et les grandes entreprises ont leurs propres syndicats autonomes sans contacts ni relations entre eux : JI.RA.MA. magistrats, enseignants... Chacun reste isolé dans son secteur et ne pense à aucune sérieuse collaboration syndicale. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui et les dirigeants syndicaux n’osent pas crever l’abcès. Même la Conférence des Travailleurs Malgaches semble vouloir cultiver et pérenniser cette situation. L’on se demande ainsi pourquoi ne pas se rassembler en une confédération ou trois au plus. Sur la scène internationale, le rapprochement entre les grandes confédérations internationales telles que la CISL et la CMT avec d’autres centrales non affiliées comme la C.G.T. France - évoluent à grand pas. Et ce, en vue d’une refondation d’un mouvement syndical international solide et influent face à la mondialisation de l’économie.

Le lien entre la pauvreté des travailleurs malgaches et la pluralité excessive des syndicats mérite une attention particulière et une analyse appronfondie.

Mesdames et Messieurs,

Camarades !

Passons à d’autres sujets.

Grâce au régime actuel que Madagascar a connu un taux de croissance plus de 9% en 2003 et 5% en 2004. Toutefois, on assiste à des vagues de compression massive de personnel et non à des créations d’emplois ; situation paradoxale. Bon nombre de ménages constatent que cette croissance n’a apporté aucune amélioration de vie, au contraire, elle n’a fait qu’aggraver la pauvreté. L’on avance aussi que ces croissances annuelles de 9 et 5% ne suffisent pas encore pour vaincre la pauvreté. En fait, la vérité est que nous assistons à ce que les économistes appellent ou qualifient de « croissances appauvrissantes » ; cela indique que nos dirigeants ont fait fausse route dans la conduite de la politique économique du pays, d’une part, et d’autre part, ils ont opté un mauvais choix de stratégie pour notre développement. L’on se pose ainsi la question si l’Etat lutte réellement contre la pauvreté, conformément au D.S.R.P. que certains prennent comme une bible, ou plutôt contre les pauvres, vu les harcèlements vus et vécus ici et là.

Partout en Afrique, on assiste au même scénario ; seul le décor scénique change d’un pays à l’autre. Regardez la Côte d’Ivoire, considérée comme la vitrine de l’Afrique ; Voyez aussi le Congo démocratique ; un pays riche et regorgé de ressources naturelles, mais sa population reste assoiffée à bord de sa barque.

Ainsi, l’on se demande si Madagascar a réellement acquis son indépendance, ou bien ce n’est qu’un pseudo indépendance qu’on lui a accordé et ipso facto, un pseudo-Etat. Ou, a-t-on besoin de repenser et redéfinir, une fois de plus, ce que c’est l’Etat et son rôle, après cette déclaration - d’une profonde signification- des bailleurs de fonds de « Mieux d’Etat et moins d’Etat ».

Est-il encore nécessaire de rappeler que l’Etat colonial, ayant administré Madagascar pendant plus de 60 ans, n’était qu’un Etat pilleur et oppresseur ? N’est-ce pas ce type d’Etat que nos dirigeants successifs ont hérité et entretenu pour s’enrichir sur le dos du petit peuple ? La FI.SE.MA. voudrait rappeler et faire comprendre à toutes et à tous qu’à une certaine époque, nos dirigeants ont fait plus que les colonialistes, mais de manière discrète ou clandestine ; mais, aujourd’hui, leurs formes sont rendues plus légales à travers les gros salaires et les divers primes et avantages faramineux que s’octroient nos dirigeants. Ne peut-on pas assimiler à une oppression du peuple et à une violation des droits humains cette participation financière des usagers dans les centres de santé publics, ce problème chronique de riz, alimentation de base des malgaches, cette inflation non maîtrisée sachant que même les régimes ultra-libéraux suivent de près les leurs afin de ne pas léser leurs citoyens ?

Devant ce paysage national sombre, ce congrès est convoqué, justement pour réfléchir et définir le type de syndicalisme qui convient au contexte actuel. D’autre part, quelle stratégie syndicale devrons-nous adopter face à cette économie mondialisée ? Si nous arrivions à analyser finement ces problèmes et à proposer des solutions réalistes et efficaces, les travailleurs et la population malgaches pourraient espérer sortir de leur pauvreté actuelle et de se débarrasser de leur angoisse.

Camarades,

Nous affrontons actuellement une lutte complexe, indéterminée dans le temps, et qui demande abnégation, courage et savoir faire. Souvenons que nos aînés ont aussi affronté les leurs dans des conditions très difficiles.

Nous commémorons cette année, le 80ème anniversaire de la première grève des travailleurs malgaches, celle des travailleurs d’une usine de parfumerie à Tamatave. C’était à l’époque où la colonisation sévit durement mais ces travailleurs furent sortis victorieux.

L’année prochaine, nous commémorerons également le 70ème anniversaire de la plus importante grève qu’ont mené les travailleurs malgaches : la grève de deux ans des travailleurs de la Société Industrielle et Commerciale de l’Emyrne (SICE) sise à Soanierana (Tana). D’après l’histoire, c’était au cours de cette grève que naquit le premier syndicat des travailleurs de Madagascar. Il avait travaillé dans la clandestinité jusqu’à la sortie de la loi sur le fonctionnement des syndicats dans les colonies françaises. Il porta le nom de CGT-Madagascar, et c’est, en quelques sortes, l’ancêtre de la FI.SE.MA. De là, commencèrent les luttes communes des travailleurs malgaches et français. Il est bon de rappeler que le Docteur Joseph RAVOAHANGY ANDRIANAVALONA - député de Madagascar au temps de la colonisation- et Pierre BOITEAU, un ingénieur français ayant travaillé au parc botanique et zoologique de Tsimbazaza, furent les deux co-SECRETAIRES GENERAUX de ce syndicat C.G.T. . Des travailleurs réunionnais ont aussi grossi les rangs des militants. Parmi eux, certains ont été expulsés de la Grande Ile. Souvenons particulièrement Camarade Francis SAUTRON, employé de la Base Navale de Diégo-Suarez, qui fut, par la suite, élu maire de cette ville. Aussi, la présence parmi nous de la C.G.T. France et celle de la C.G.T. REUNION ne sont pas fortuites. Nous en sommes profondément reconnaissants.

Dans deux ans, la grande grève nationale de Novembre 1957 sera aussi commémorée. Cette grève, initiée par la FI.SE.MA. , la SE.KRI.MA., l’U.S.A.M, et auquel j’ai participé, a revendiqué le relèvement du salaire minimum et du montant de l’allocation familiale.

Je tiens à rappeler tout cela pour dire que les travailleurs malgaches ont toujours lutté, même sans la liberté et les droits syndicaux. Et même avant l’existence de premier code de travail.

Aussi, si nous tenons ce congrès, c’est parce que nous avons foi que nous, la FI.SE.MA., nous sommes capables de rassembler les forces ouvrières pour faire régner à Madagascar l’équité et la justice sociale.

Je vous remercie de votre attention.





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